Pays-Bas : un élu veut imposer la contraception à certaines femmes
C’est bien connu, « l’enfer est pavé de bonnes intentions ». L’initiative de l’adjoint au maire de Rotterdam (Pays-Bas) nous le rappelle une nouvelle fois. Le correspondant à Bruxelles du Monde raconte ainsi que Hugo de Jonge, élu du parti chrétien-démocrate, souhaiterait changer les dispositions légales afin d’obliger les « femmes fragilisées » à recevoir une contraception. Une proposition qui semble sortie tout droit d’un autre âge, mais qui serait déjà en « expérimentation » auprès de femmes volontaires.
Droguées, prostituées, sans-abri : telles sont les femmes « fragilisées » que Hugo de Jonge souhaiterait empêcher de procréer, pour le bien des enfants à naître. Ces mères sont la plupart du temps incapables de s’occuper de leur progéniture, estime l’élu, qui souligne que les cas de placement sont nombreux.
L’organisation politique du pays a permis qu’un programme basé sur le volontariat soit déjà lancé à Rotterdam, alors même que le ministère néerlandais de la Santé ne s’est toujours pas exprimé sur le sujet. L’idée fait cependant son chemin, puisqu’une autre commune, Tilbourg, a tenté l’expérience, incluant en plus de 165 femmes, 4 hommes volontaires.
Pouvoir accéder gratuitement à la contraception peut représenter un réel plus en termes de santé publique... Si tant est que l’on soit effectivement volontaire ! Mais, au-delà même de la réflexion éthique, dont monsieur de Jonge semble bien peu se soucier, comment imaginer imposer une contraception à une femme, ou un homme, qui ne le souhaiterait pas ? « Infaisable », a jugé pour sa part la Société royale de médecine néerlandaise, qui estime également la mesure « non-souhaitable » et « inefficace ». Un des responsables de cette société savante, Gert van Dijk, rappelle au passage à Hugo de Jonge qu’une telle mesure serait contraire à la Convention européenne des droits de l’Homme.
Aussi choquante qu’elle puisse paraître, au 21e siècle et dans un pays de l’Union européenne, la proposition suscite des débats dans le pays. « Les médias néerlandais interrogent des personnes dont les parents correspondent au profil tracé par la ville de Rotterdam », indique ainsi Le Monde. Donner la parole à ceux qui n’auraient pas vu le jour avec cette mesure permettra peut-être à Hugo de Jonge de revoir son point de vue.