Enquête UFC-Que Choisir
3 volailles vendues sur 5 sont résistantes aux antibiotiques
L’association de consommateurs UFC-Que Choisir dénonce la présence importante de bactéries résistantes aux antibiotiques dans le poulet et la dinde vendus en France.
« De quoi avoir la chair de poule ! », titre l’UFC-Que Choisir. L’association de consommateurs a en effet analysé 100 échantillons de volailles (poulet ou dinde) achetés en grandes surfaces, en boucheries ou sur les marchés et plus de 3 morceaux sur 5 étaient porteurs de bactéries résistantes à une ou plusieurs familles d’antibiotiques. Encore plus inquiétant, près d’une volaille sur 4 était résistante à un antibiotique critique, comme les céphalosporines de 3e et 4e génération ou les fluoroquinolones, 2 familles d’antibiotiques très utilisées en médecine humaine et particulièrement génératrices de résistances bactériennes.
Premiers prix, premiers sur l'antibiorésistance aussi
« Force est de noter que les volailles standards et premiers prix semblent plus impactées par l’antibiorésistance que les volailles biologiques », souligne Que Choisir. La revue a cependant constaté que si les volailles Label Rouge étaient plus rarement porteuses de bactéries résistantes, lorsqu’elles l’étaient, ils s’agissaient de bactéries résistantes aux antibiotiques critiques.
L’Association de consommateurs presse donc le gouvernement de renforcer le cadre réglementaire face à ce « problème de santé publique majeur ». L’engagement de réduction de 25% d’utilisation des antibiotiques dans les élevages ne doit pas figurer seulement dans le plan Ecoantibio mis en place par le ministère de l’Agriculture, il faut lui donner force de loi et l’assortir de sanctions dissuasives. Le conflit d’intérêt des vétérinaires, à la fois prescripteurs et vendeurs des antibiotiques, est une nouvelle fois dénoncé, Que Choisir proposant de réserver leur vente aux pharmaciens.
Pour l’UFC-Que Choisir, si les chiffres actuels « ne peuvent manquer de susciter l’inquiétude », le pire est peut-être à venir. L’Union Européenne est actuellement en pleine négociation avec les Etats-Unis pour établir un accord de libre-échange s’appliquant au secteur de l’alimentaire. Or l’antibiorésistance est encore plus marquée aux Etats-Unis et la réglementation en matière de sécurité alimentaire y est moins stricte. L’UFC-Que Choisir appelle donc les Etats-membres à « ne pas jouer les poules mouillées » et à s’opposer à tout allègement de la réglementation européenne, censée garantir la sécurité « de l’étable à la table ».