Point épidémiologique
Zika : les autorités confirment le 1er cas de microcéphalie en Martinique
Les autorités sanitaires ont confirmé le premier cas français de microcéphalie en Martinique. Pour l'heure, il est le seul cas détecté en France depuis le début de l'épidémie.
- Andre Penner/AP/SIPA. Séance de kinésithérapie pour Maria Lys, petite fille brésilienne née avec une microcéphalie.
Le premier cas de microcéphalie en Martinique a été confirmé par les autorités sanitaires. « Depuis l’émergence virale à la Martinique, l’infection a été confirmée biologiquement chez 86 femmes enceintes. Parmi celles-ci, une microcéphalie a été détectée à l’occasion d’une échographie », indique le CIRE Antilles-Guyane dans le dernier point épidémiologique publié ce jeudi soir.
Ce premier cas français a été diagnostiqué par le Dr Khalil Zouiten, médecin échographiste référent en échographie fœtale et pelvienne à la clinique Saint-Paul à Fort-de-France. Dans un entretien accordé à Pourquoidocteur le mercredi 23 mars, le spécialiste annonçait déjà sa confirmation.
« Nous avons découvert cette microcéphalie le 9 mars lors de l'échographie de routine de cette dame à la 22e semaine d’aménorrhée, a-t-il expliqué. Nous n’avons pas voulu divulguer ce cas tout de suite pour ne pas inquiéter la population et nous voulions être sûrs que la patiente ait été infectée par le virus du Zika ».
Seul cas confirmé
Des prélèvements de sang, d’urine et de liquide amniotique ont donc été réalisés et envoyés, comme le prévoit la loi, au Centre national de référence des arbovirus (CNR) afin de confirmer l’infection par le virus Zika. « Nous avons reçu les résultats du CNR ce mardi, le jour où Marisol Touraine a déclaré la présence d’un cas suspect en Martinique. Ils montrent que la patiente a été infectée par le virus Zika début janvier, elle a donc été contaminée très tôt durant sa grossesse », a indiqué le Dr Khalil Zouiten.
Par ailleurs, la dernière échographie réalisée le 16 mars confirme les anomalies observées une semaine plus tôt. Le cerveau de fœtus présente des calcifications intracérébrales similaires à celles décrites chez les bébés brésiliens et polynésiens. Une atrophie du corps calleux (structure cérébrale reliant les deux hémisphères entre eux) est également visible à l’échographie.
« A ce stade, seul ce cas a été signalé et confirmé. Si l’épidémie se poursuit et qu’elle suit le modèle de la Polynésie française, l’ARS prévoit que 15 à 20 enfants seront touchés. Pour le moment, nous en sommes loin. Il ne faut donc pas s’affoler », a précisé le médecin échographiste.
L'épidémie se poursuit
Reste que l’épidémie est loin de s’essouffler aux Antilles et en Guyane. Selon le dernier point épidémiologique, 14 320 cas évocateurs ont été signalés en Martinique. L’infection a été confirmée chez 3 personnes atteintes d’une forme neurologique liée à l’infection et 5 personnes atteintes du syndrome de Guillain-Barré. Quatre autres cas suspects sont en cours d’investigation.
En Guyane, l’un des premiers départements les plus touchés, Zika aurait infecté 2 770 personnes. Jusque là, le virus circulait majoritairement sur le littoral mais un début de circulation autochtone dans les terres a été rapporté. Depuis le début de l’épidémie, l’infection a été confirmée chez 74 femmes enceintes et 2 patients victimes du syndrome de Guillain-Barré.
Du côté de la Guadeloupe, 794 cas suspects ont été rapportés par les professionnels de santé. En outre, 134 cas ont été confirmés. Parmi eux, on recense 2 femmes enceintes et une adolescente atteintes d’une myélite. « Cependant ces données sont à consolider du fait de la fermeture d’une partie des cabinets médicaux pendant cette période de vacances scolaires de Pâques, plus fréquente que lors de la période précédente de carnaval », précise la CIRE Antilles Guyane. Enfin sur l’île de Saint-Martin, les autorités dénombrent 154 cas suspects et 30 cas confirmés dont une femme enceinte.
163 femmes enceintes infectées par Zika
Au total, 163 femmes enceintes aux Antilles et en Guyane ont été infectées par le virus Zika depuis janvier dernier. Elles sont au centre de toutes les inquiétudes et bénéficient d'un suivi médical et échographique mensuelle afin de détecter précocement la survenue de microcéphalie ou d'autres complications liées au Zika.
Plus l'épidémie progresse et touche un grand nombre d'entre elles, plus le risque de détecter cette malformation congénitale augmente. Selon des travaux français parus ce mercredi, le risque de microcéphalie est de 1 %lorsque l'infection survient au premier trimestre de la grossesse.
Il n'existe aucun traitement ou vaccin contre Zika et cette malformation. La protection contre les piqûres de moustique reste le seul moyen efficace pour échapper à la fièvre Zika. Pour les femmes enceintes ou ayant un projet de grossesse, l’OMS et les autorités sanitaires de nombreux pays, dont la France, déconseillent fortement de se rendre dans les pays touchés. Elles recommandent également d’avoir des relations sexuelles protégées.