Paranoïa, hallucinations...
Cannabis : un gène sensibilise aux effets psychotiques
Des chercheurs britanniques ont découvert une variation génétique permettant d'identifier les personnes les plus susceptibles aux effets psychotiques du cannabis.
Les liens entre les troubles psychotiques et la consommation de cannabis sont source d’interrogations pour les psychiatres. Alors que certains consommateurs ne vivront jamais d’épisodes psychotiques, d’autres auront des hallucinations et seront plongés dans des délires. Comment expliquer cette différence de sensibilité entre les individus ? Est-il possible d’identifier les personnes à risques de psychose ? A en croire, une étude parue ce lundi dans Translational Psychiatry, la réponse est au cœur de notre ADN.
Des chercheurs britanniques de l’University College London et d'Exeter ont effet identifié un variant du gène AKT1 qui permettrait de prédire comment une personne réagira au cannabis. Ainsi, selon cette étude, les sujets présentant cette mutation sont plus enclins à la paranoïa, aux distorsions visuelles et autres symptômes psychotiques après avoir fumé du cannabis.
Pour parvenir à cette conclusion, l’équipe de recherche a mené une étude auprès de 442 jeunes consommateurs. Ils ont mesuré l’étendue des symptômes et l’effet du cannabis sur la mémoire des volontaires sous l'influence de cette substance psychoactive. Puis ils les ont comparés aux résultats obtenus 7 jours auparavant, alors que les volontaires n’en avaient pas consommé cannabis.
Perturbation de la mémoire
Il apparaît que les symptômes sont beaucoup plus prononcés chez les participants présentant une variation du gène AKT1. « Ces résultats sont les premiers à démontrer que les personnes présentant un polymorphisme du gène AKT1 sont plus sensibles aux effets négatifs du cannabis, même s’ils sont en bonne santé », explique le Pr Célia Morgan, psychopharmacologue à l'université d'Exeter et auteure principale de l’étude. Et bien que ces troubles psychotiques induits par le cannabis soient rares - moins de 1 % des usagers du cannabis les développent – les chercheurs soulignent qu’ils peuvent avoir de terribles conséquences : « S’exposer à plusieurs reprises à des épisodes psychotiques et de paranoïa pourrait expliquer en partie pourquoi certaines personnes développent des troubles psychotiques alors que ceux-ci ne se seraient jamais déclenchés autrement ».
Par ailleurs, les scientifiques indiquent que la perte de mémoire à court-terme est plus marquée chez les femmes. « Nous avons besoin de poursuivre les recherches dans ce domaine, mais nos résultats montrent que les hommes sont moins sensibles aux perturbations de la mémoire induite par le cannabis que les femmes », explique le Pr Célia Morgan.