Contrairement aux acides gras trans

Les acides gras saturés n'augmenteraient pas le risque de pathologies cardiaques

Les acides gras trans seraient associés à un risque accru de pathologies cardiaques, tandis que les acides gras saturés ne présenteraient pas d'effets délétères. Pourtant, ces derniers augmentent bien le taux de cholestérol.

  • Par Anne-Laure Lebrun
  • Robert F. Bukaty/AP/SIPA
  • 15 Aoû 2015
  • A A

    Les acides gras trans seraient associés à un risque accru de décès et de maladies coronariennes alors que les acides gras saturés ne favoriseraient pas les accidents cardiovasculaires et les maladies cardiaques, selon une étude canadienne parue ce mardi dans le British Medical Journal.

    Cette méta-analyse, réalisée par des chercheurs de l’université McMaster et l’université de Toronto, ne montre, en effet, aucune relation entre un apport important d’acides gras saturés retrouvés dans le beurre, le lait ou la viande – et le risque de décès toutes causes confondues. Elle n’identifie pas non plus de lien entre ces acides gras et les maladies coronariennes, cardiovasculaires ou les accidents cardiovasculaires ischémiques.

    Les acides gras saturés et cholestérol

    Toutefois, les scientifiques n’ont pas pu exclure avec certitude une augmentation du risque de décès suite à une coronaropathie. Ils n’ont pas non plus montré qu’un régime riche en acides gras saturés réduit le risque cardiovasculaire.

    « Au vu de ces résultats, on pourrait imaginer que les acides gras saturés n’influencent pas le métabolisme lipidique et donc n’ont pas d’effets délétères sur l’appareil cardiovasculaire, ce qui est faux ! Les graisses saturées augmentent le cholestérol, ce qui augmente le risque de maladies cardiovasculaires », commente le Dr Boris Hansel, endocrinologue et nutritionniste à l’hôpital Bichat-Claude Bernard (Paris).

    Deux types d'acides gras trans

    En revanche, l’étude confirme que les acides gras trans, notamment ceux d’origine industrielle, sont néfastes pour la santé de nos artères. Les données collectées suggèrent en effet que les biscuits, plats cuisinés et autres margarines issus de l’industrie agroalimentaire augmentent de 34 % le risque de mortalité toutes causes confondues, de 28 % le risque de décès suite à une pathologie coronarienne et de 21 % le risque de développer cette maladie cardiaque.


    Ecoutez...
    Boris Hansel, endocrinologue et nutritionniste à l'Hôpital Bichat-Claude Bernard (Paris) : « Il faut distinguer les acides gras trans d’origine industrielle de ceux d’origine animale produits par les ruminants eux-mêmes. Les premiers sont clairement délétères pour la santé des artères tandis que les seconds ne le sont pas et pourraient exercer des effets favorables qui doivent encore être démontrés. »

    Trouver des alternatives

    « Depuis des années, il est recommandé de diminuer le gras. Les acides gras trans ne présentent aucun bénéfice pour la santé et leur consommation a des effets néfastes, mais le cas des acides gras saturés est moins évident, commente Russel de Souza, responsable de ces travaux. Cela étant, nous ne défendons pas une hausse du seuil maximal recommandé d’apport en acides gras saturés puisque nous n’avons pas la preuve qu’une quantité plus élevée serait bénéfique. »

    Pour le Dr Boris Hansel, les recommandations émises actuellement ne doivent pas être remises en cause. « Nous savons aujourd’hui que le plus important n’est pas d’éliminer simplement un nutriment mais de le remplacer par un autre. Ainsi, au lieu de se demander s’il faut diminuer les apports en graisses saturées, il faut se demander par quoi nous pouvons les remplacer », explique le spécialiste. Par exemple, pour diminuer son apport en acides gras saturés, les experts préconisent de se tourner vers les acides gras insaturés sources d’oméga-3 et 6 qui améliore le taux de cholestérol et la santé cardiaque. Ainsi, remplacer le beurre par de l’huile d’olive ou un morceau de bœuf par un filet de saumon permet d’adopter une alimentation moins grasse et plus saine.

    Ecoutez...
    Boris Hansel : « En pratique, il ne faut pas revenir sur les recommandations préconisant la diminution des apports en graisses saturées au profit des acides gras insaturés comme l‘huile d’olive riche en oméga 3... »


    Dans cet esprit de recherche d’une alternative moins grasse, les chercheurs canadiens insistent sur l’intérêt de mener des travaux supplémentaires, notamment sur les acides gras mono-insaturés qui semblent réduire le mauvais cholestérol (LDL- cholestérol) tout en remontant le bon (HDL-cholestérol).

    Pour laisser un commentaire, Connectez-vous par ici.
    
    -----