Efficace chez le rat

Un antihypertenseur traite les addictions à l'alcool et à la cocaïne

Une équipe de l'université du Texas (Austin) a montré chez le rat l'efficacité d'un antihypertenseur contre l'addiction à l'alcool et à la cocaïne.

  • Par Anne-Laure Lebrun
  • PURESTOCK/SIPA
  • 24 Jun 2015
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    Un antihypertenseur serait efficace pour lutter contre l’addiction à l’alcool et la cocaïne, révèle une étude américaine publiée ce mardi dans le journal Molecular Psychiatry.

    Comme pour le baclofène – un médicament initialement prescrit aux malades atteints de sclérose en plaques –, les chercheurs de l’université du Texas ont détourné une molécule de son utilisation première.

    Pour tester son efficacité, les scientifiques ont utilisé des rats auxquels ils ont d’abord appris à aller chercher seuls leur drogue. Ils ont ensuite créé 2 pièces (une blanche et une noire), une seule des deux contenant la drogue (alcool ou cocaïne). Au bout de quelques jours, les rats dépendants ont su vers quelle pièce se diriger pour obtenir leur drogue.

    Des souvenirs effacés

    Les chercheurs ont ensuite donné aux rats une forte dose d’isradipine, une molécule luttant contre l’hypertension artérielle, avant qu’ils fassent leur choix entre la pièce blanche ou noire. Ils ont alors noté que, le jour même, les rats ont préféré aller dans la pièce où se trouvait leur drogue, mais que les jours suivants, leur envie était inhibée.

    « L’isradipine efface les souvenirs qui mènent les rats vers la pièce avec la cocaïne ou l’alcool », explique Hitoshi Morikawa, professeur adjoint de neurosciences à l’université du Texas et responsable des travaux.

    Il est bien établi que les drogues dérèglent certaines zones du cerveau liées aux émotions et à la mémoire. L’isradipine serait donc capable d’interférer dans les réactions chimiques provoquant la sensation de plaisir et d'éliminer les souvenirs associés à l’usage de drogue.


    Aider les patients en rechute

    Pour les auteurs, si l’effet est confirmé chez l’homme, ce traitement pourrait s’avérer très utile chez les personnes dépendantes en rechute. « Les patients qui viennent en cure de désintoxication sont déjà dépendants, et beaucoup d’entre eux ont envie d’arrêter, mais leur cerveau est conditionné. Cette molécule pourrait aider leur cerveau à oublier leur désir pour la drogue », affirme Hitoshi Morikawa.

    Le chercheur et son équipe espèrent pouvoir démarrer des essais cliniques rapidement, notamment parce que la molécule est déjà autorisée sur le marché. Toutefois, traiter à haute dose des personnes ne souffrant pas d’hypertension artérielle pourrait avoir des conséquences graves pour leur santé. Un traitement limitant une baisse de tension pourrait donc s'avérer nécessaire.

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