Revue de la littérature
L’inflammation bucco-dentaire augmente le risque cardiovasculaire
Les dents sont plus liées au cœur qu’on pourrait le croire. Une revue d’études rappelle la relation étroite entre inflammation bucco-dentaire et maladies cardiovasculaires.
Prendre soin de ses dents pour prendre soin de son cœur. Une équipe de l’Institut Forsyth (Cambridge, Massachussetts, Etats-Unis) a passé en revue la littérature sur le lien entre les infections dentaires et les maladies cardiovasculaires. L’inflammation est une piste très sérieuse, précisent-ils dans Trends in Endocrinology and Metabolism.
Une destruction progressive
L’immense majorité des Français a déjà souffert de gingivite, parodontite ou carie. Ainsi, 80 % des jeunes de 15 ans ont des dents cariées ou obturées, et la moitié des Français ont déjà souffert de gingivite. Ces maladies sont courantes, mais elles n’en ont pas moins un impact réel sur la santé plus générale. « Au vu de la forte prévalence des infections bucco-dentaires, n’importe quel facteur de risque qui contribue aux maladies cardiovasculaires est important pour la santé publique », estime Thomas Van Dyke, auteur de cette revue de la littérature.
Bon nombre d’études ont établi une association forte entre une mauvaise santé bucco-dentaire et le risque cardiovasculaire, comme l’athérosclérose ou l’AVC. Les parodontites sont particulièrement mises en cause. « Les maladies parodontales sont des maladies chroniques inflammatoires multifactorielles, qui se caractérisent pas une destruction progressive des structures soutenant plusieurs dents, expliquent les auteurs de l’étude. Le processus commence par une inflammation localisée sur les tissus mous (gingivite), causée par un biofilm résident (plaque) qui se forme à la surface des dents sur la marge gingivale (le haut de la gencive). »
Les conseils pour une bonne hygiène bucco-dentaire
Une bonne santé de la bouche et des dents permet d’éviter les inflammations pouvant endommager le système cardiovasculaire. Pour cela, rien ne vaut les habituels conseils. « C’est un brossage deux fois par jour, matin et soir, qui doit durer environ 3 minutes. On peut adjoindre à ce brossage l’utilisation de fil dentaire ou de brossettes interdentaires, explique à Pourquoidocteur le Pr Jean-Christophe Fricain, dentiste à Bordeaux (Gironde). C’est extrêmement important chez les patients qui ont des pathologies parodontales. »
Le rôle de l’inflammation
Mais comment s’établit le lien entre les infections bucco-dentaires et les maladies cardiovasculaires ? Tout d’abord, on retrouve l’ADN de bactéries impliquées dans les maladies des gencives ou des dents dans les parois vasculaires des patients atteints d’athérosclérose (1).
Outre la circulation des bactéries à l’origine des maladies, l’inflammation est une piste de plus en plus souvent évoquée. Et pour cause : « L’inflammation joue un rôle majeur à la fois dans les infections orales, comme les parodontites, et les maladies cardiovasculaires », notent les auteurs. D’ailleurs, l’administration d’atorvastatine, un hypocholestérolémiant courant, permet d’augmenter la production d’anti-inflammatoires naturels (lipoxines, résolvines) et prévient l’inflammation parodontale et cardiovasculaire.
« Toutes les pathologies infectieuses parodontales sont des facteurs de risques de maladie cardiovasculaire, explique à Pourquoidocteur le Pr Jean-Christophe Fricain. On a une augmentation de la prévalence des AVC, des maladies thromboemboliques, des accidents ischémiques cardiaques. C’est quelque chose qui est bien établi dans la littérature. »
Malgré ce risque réel, seuls 22 % des Français se brossent les dents trois fois par jour… et la moitié le font moins de deux minutes à chaque fois. Le problème ne vient pas d’un manque de communication autour du lien entre maladies bucco-dentaires et maladies cardiovasculaires.
(1) Athérosclérose : dépôt de plaque, principalement composée de lipides, sur la paroi des artères.