Congrès SFD 2015
Obésité : 70 % de notre prise de poids a une origine génétique
La mauvaise hygiène de vie est souvent accusée d’être responsable de l’épidémie d’obésité. Mais dans la majorité des cas, des gènes de prédisposition favorisent la prise de poids.
L’obésité n’est pas uniquement liée au mode de vie… bien au contraire. L’origine génétique de cette maladie est décrite depuis des décennies. La médecine ayant gagné en précision, il est désormais possible de repérer les gènes de prédisposition. 8 d’entre eux ont été identifiés comme causes d’une obésité grave. Mais plus de 200 gènes y sont associés.
Un profil précis de l’obésité
70 % de notre prise de poids est liée aux gènes. Les variations de l’environnement (alimentation, sédentarité…) sont responsables des 30 % restants. Mais dans des pays industrialisés comme la France, l’immense majorité de la population évolue dans un contexte similaire, qui favorise l’obésité. Pourtant, tout le monde ne développe pas cette maladie. Ce sont donc bien les gènes qui déterminent si une personne prendra du poids ou non.
Les explications de Philippe Froguel, professeur d’endocrinologie à Lille (Nord) : « Pour des personnes exposées au même environnement, certaines vont grossir, d’autres non. »
Dans 5 % des cas, l’obésité est dite « monogénique », c’est-à-dire qu’un seul gène amplifie l’appétit du patient. La majeure partie est donc causée par plusieurs variantes qui se combinent à l’environnement. La génétique reste tout de même utile, car elle permet d’établir le profil du patient. « On a trouvé le rôle d’un gène, l’amylase, qui sert à la digestion des glucides », illustre le Pr Froguel. « Les personnes qui produisent plus d'amylase sont protégées contre l’obésité. »
L’analyse génétique permet aussi de différencier les obésités familiales d’origine génétique et celles liées au mode de vie.
Les explications de Philippe Froguel : « Les obésités les plus génétiques concernent souvent des familles minces où un enfant mange tout le temps. »
Cibler les thérapies
La découverte des origines génétiques de l’obésité est précieuse à plusieurs titres. Elle permet de proposer des stratégies personnalisées à chaque patient : adapter le régime, évoquer une chirurgie… La découverte de gènes qui augmentent l’appétit a aussi permis de lever un doute. Toutes les obésités ne sont pas liées à un trouble du comportement alimentaire. « Les obèses se sentent très coupables alors que, dans un grand nombre de cas, ce n’est pas leur faute », déplore le Pr Froguel. « Ils ont plus faim que les autres ou bien, à alimentation égale, certains grossiront plus que d’autres. » C’est d’ailleurs pour cela qu'un même régime ne fonctionnera pas de la même manière chez deux patients au profil génétique différent.
Les explications de Philippe Froguel: « Ce qui m’intéresse, c’est essayer de prendre en charge mieux, de donner les bons conseils ou la bonne thérapie. »