150 000 personnes touchées en France
Fatigue chronique : une origine biologique
Le syndrome de fatigue chronique n’est pas une pathologie psychologique. Mais un syndrome biologique, avec des signatures immunitaires identifiées par des chercheurs américains.
Fatigue extrême, difficultés de concentration, maux de tête, douleurs musculaires… Les manifestations cliniques du syndrome de fatigue chronique sont nombreuses et pas très spécifiques. Mais des chercheurs américains viennent de trouver des signatures biologiques caractéristiques de cette pathologie, en lien avec l’immunité. Leurs travaux sont publiés vendredi dans Science Advances. Ces résultats pourraient aider à améliorer le diagnostic et à identifier des options de traitement.
Des taux élevés de cytokine
Les chercheurs de l’université Columbia et leurs collègues ont mesuré les taux de 51 biomarqueurs immunitaires dans le sang de 298 patients atteints de fatigue chronique et de 348 contrôles en bonne santé.
Ils ont trouvé des caractéristiques spécifiques chez les patients souffrant de fatigue chronique depuis trois ans ou moins. Ces patients avaient des taux élevés de nombreux types de molécules immunitaires appelées cytokines, et en particulier l’interféron gamma. Cette molécule est connue pour être associée à la fatigue suivant de nombreuses infections virales, comme la mononucléose provoquée par le virus Epstein-Barr.
Chez les patients souffrant de fatigue chronique depuis moins de trois ans, il n’y avait, en revanche, aucune association entre les taux de cytokine et la sévérité des symptômes. Les chercheurs n’ont pas trouvé de taux élevés de cytokines chez les patients atteints depuis plus de trois ans de fatigue chronique ni chez les personnes en bonne santé.
Après une infection
Ces signatures immunitaires prouvent que le syndrome de fatigue chronique est biologique et non pas psychologique et qu’il présente différents stades bien distincts. Comment expliquer ces résultats ? Les patients rapportent parfois avoir développé les premiers symptômes après une infection aussi courante que la mononucléose. Mais ensuite, ils ne s’en sont jamais remis complètement.
Leur système immunitaire continue à fonctionner à plein régime après l’infection. Il ne parvient pas à se calmer. « Il apparaît que les patients souffrant d’un syndrome de fatigue chronique sont submergés par des cytokines pendant environ trois ans, et à l’issue de cette période le système immunitaire montre des signes d’épuisement et une chute du taux de cytokines », commente le Dr Mady Hornig, le principal auteur de l’étude.
De futurs traitements?
Les chercheurs ne comptent pas s’arrêter là. Ils veulent confirmer ces résultats en suivant des patients pendant un an. Alors seulement, ils pourront envisager d’évaluer des traitements potentiels. Il existe, en effet, déjà des anticorps monoclonaux humains sur le marché qui peuvent diminuer le niveau d’un type de cytokine, l’interleukine-17A qui fait partie de celles ayant été trouvées à des taux élevés aux stades précoces du syndrome de fatigue chronique. Un peu d’espoir pour les patients alors qu’il n’existe actuellement pas de traitement.
En France près de 150 000 personnes seraient touchées par le syndrome de fatigue chronique, encore appelée encéphalomyélite myalgique. Ce syndrome ressemble à la fibromyalgie. Mais dans la fibromyalgie, le premier symptôme mis en avant est la douleur et non pas la fatigue. Un rapport américain publié il y a deux semaines a identifié cinq symptômes pour bien diagnostiquer le syndrome de fatigue chronique.