Etude sur 4 marques de tabac

La chicha ne filtre pas les métaux lourds

Le narguilé est de plus en plus apprécié des jeunes. La plupart pensent qu’il est moins risqué que le tabac classique. Mais la chicha véhicule bien plus de métaux lourds que la cigarette.

  • Par la rédaction
  • SIMON ISABELLE/SIPA
  • 20 Fév 2015
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    Réputée moins dangereuses que la cigarette, la chicha est pourtant chargée en métaux lourds. C’est ce que conclut une étude menée en Jordanie et publiée dans le journal BMC Public Health. Les chercheurs ont comparé quatre marques de tabac à chicha très populaires. Cette consommation de tabac est bien plus dangereuse que celle des cigarettes, concluent-ils.

    Le seuil d’uranium dépassé

    La technique de chauffage du tabac utilisée avec le narguilé jouit d’une bonne réputation. Le tabac est chauffé au charbon, sa vapeur remonte dans un conteneur à eau. Elle y bouillonne quelques instants avant d’être inhalée. Mais « l’eau refroidit principalement la fumée, et ne la filtre pas, comme beaucoup le pensent », avertit Akeel Al-Kazwini. Ce chercheur jordanien a analysé le contenu de 4 échantillons de tabac achetés sur un marché local. La dose de métaux lourds (cuivre, fer, chrome, plomb, uranium) a été mesurée. En moyenne, le tabac à chicha contenait 3 % de métaux lourds.

    Si le tabac inquiète, c’est parce qu’il absorbe particulièrement bien les métaux lourds contenu dans son sol de culture, et les stocke. Et seule une toute petite partie est éliminée par la chicha : 57 % restent dans la fumée, 40 % dans les cendres. L’uranium domine largement, avec 800 parties par milliard (ppb) en moyenne. L’Organisation Mondiale de la Santé a fixé le seuil de sécurité à 30 ppb. Pire, au cours d’une session moyenne (1 heure), le consommateur est exposé à 100 voire 200 fois le volume de fumée inhalé avec une cigarette.

    Pas de régulation

    Le danger du narguilé est bien réel. Sur le long terme, les métaux lourds augmentent fortement le risque de cancers de la tête et du cou, mais aussi d’autres maladies chroniques. La plupart d’entre eux sont d’ailleurs stockés dans le foie ou les reins. Dans l’immédiat, l’inhalation entraîne aussi des désagréments : irritations des muqueuses, troubles respiratoires…

    Les chercheurs plaident donc en faveur de mesures similaires à celles mises en place dans la lutte contre le tabagisme. « A ce jour, l’industrie du narguilé n’est pas régulée », déplore Akeel Al-Kazwini. « Il est essentiel que les décideurs et les régulateurs fassent de l’avertissement sanitaire sur le tabac à chicha une priorité, afin de s’assurer que les consommateurs soient informés de ses dangers. » L’équipe reconnaît toutefois que le petit échantillon n’est pas représentatif. Elle souligne aussi que les différents modèles peuvent aboutir à diverses concentration, tout comme le lieu de culture du tabac.

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