Etude française

Grossesse : seul un retard de croissance sur cinq dépisté

Une étude française confirme les bénéfices limités de l’échographie au troisième trimestre de grossesse dans la population générale sans sélectionner les femmes à risque.

  • Par la rédaction
  • NICOLAS MESSYASZ/SIPA
  • 17 Fév 2015
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    Le dépistage du retard de croissance du fœtus pendant la grossesse n’est pas performant en France. C’est la conclusion à laquelle sont parvenus des chercheurs de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), du CHU de Grenoble et de la maternité de Port-Royal à Paris. Ils ont publié une étude dans le BJOG : an International Journal of Obstetrics & Gynaecology, qui a porté sur un large échantillon de plus de 14 000 nourrissons, représentatif des naissances en France en 2010.

    Fréquent

    Même s’il est mal connu, le retard de croissance du fœtus intra utérin (RCIU) est fréquent. Il touche chaque année plus de 80 000 grossesses en France. Dans la plupart des cas, cette pathologie a pour origine un mauvais fonctionnement du placenta, ce qui entraîne une mauvaise nutrition et oxygénation du fœtus. Certaines pathologies de la mère comme l’hypertension, ainsi que des facteurs de risque tels que le tabagisme, peuvent aussi être en cause. Enfin, le RCIU peut être dû à des anomalies congénitales du fœtus lui-même.

    Ce retard de croissance peut provoquer le décès de l’enfant dans l’utérus ou à la naissance, des handicaps notamment neurologiques, ainsi que des pathologies, notamment cardiovasculaires, à l’âge adulte. La seule solution qui existe actuellement pour prendre en charge cette pathologie est de déclencher prématurément l’accouchement.


    Des recommandations différentes selon les pays

    Mais encore faut-il pouvoir repérer ces retards de croissance. L’estimation du poids fœtal est mesurée à l’échographie. Et là, les recommandations varient selon les pays. En France, comme en Belgique et en Allemagne, ce dépistage par échographie s’applique à toutes les femmes enceintes au troisième trimestre. Alors qu’au Royaume-Uni, aux Etats-Unis, au Canada et en Nouvelle-Zélande, ce dépistage n’est ciblé que sur les femmes présentant des facteurs de risque. Ce dépistage doit être fiable car un faible poids du fœtus n’est pas forcément pathologique. Certains fœtus naturellement plus petits n’auront pas nécessairement de problème de santé. La distinction est importante car il ne faut pas déclencher un accouchement prématurément si le foetus n'est pas en souffrance.


    Isabelle Monier, de l’Inserm, et ses collègues ont montré que ce dépistage en France n’est pas performant, alors que chaque femme bénéficie durant sa grossesse d’un nombre élevé d’échographies (cinq en moyenne). L’échographie ne permettait, selon l'étude, d'identifier un retard de croissance intra-utérin que chez 21,7% des fœtus concernés.


    Plus de 50% de faux positifs

    Inversement, la proportion de faux positifs était aussi élevée. Car la moitié des enfants pour lesquels l’échographie avait suspecté un retard de croissance intra-utérin avaient en fait un poids normal à la naissance. Un résultat important dans la mesure où la suspicion d’un retard de croissance intra-utérin était associée à une augmentation du risque de césarienne programmée avant travail et de déclenchement du travail, indépendamment de l’existence ou non d’un faible poids à la naissance.


    Ces résultats « soulignent la nécessité de mener une réflexion autour de la faible performance du dépistage du retard de croissance intra-utérin et questionnent aussi sur les effets potentiels induits par le dépistage chez les faux positifs », concluent les chercheurs.

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