Etude sur 200 000 adolescentes

Papillomavirus : le vaccin n’augmente pas les pratiques sexuelles à risque

Se faire vacciner contre le papillomavirus ne favorise pas les comportements sexuels à risque. C’est ce que conclut une étude réalisée auprès de 200 000 adolescentes, vaccinées ou non.

  • Par la rédaction
  • CHARLES REX ARBOGAST/AP/SIPA
  • 09 Fév 2015
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    « Il n’y a pas d’association entre la vaccination et les pratiques sexuelles à risque. » Seth Seabury, de l’université de Californie du Sud (Etats-Unis) publie, dans le JAMA Internal Medicine, les résultats du suivi de plus de 200 000 jeunes filles. Le médecin et ses collègues ont observé l’impact d’une vaccination contre le papillomavirus et la survenue d’infections sexuellement transmissibles (IST).

    Une hausse avec ou sans vaccin

    « Si vacciner les filles contre le papillomavirus entraînait une hausse des comportements sexuels à risque, nous nous attendrions à observer une plus forte hausse des taux d’IST au cours du trimestre suivant l’administration du vaccin », postule Seth Seabury. Pour vérifier cette hypothèse, deux équipes de l’université de Californie du Sud et de l’Ecole de médecine de Harvard (Boston, Massachussetts, Etats-Unis) ont recruté 21 000 jeunes filles (12-18 ans) qui se sont faites vacciner contre le papillomavirus humain (HPV) et 186 000 qui ne le souhaitaient pas. Le taux d’infections sexuellement transmissibles a été mesuré tous les trois mois.

    Dans le groupe des jeunes filles vaccinées, avant la vaccination, le taux d’IST était légèrement supérieur à celui du groupe de contrôle : 4,3 cas pour 1 000 participantes, contre 2,8. Peut-être, selon les chercheurs, parce que les adolescentes ayant décidé de se faire vacciner étaient sexuellement actives plus tôt. Mais le taux d’augmentation des IST au cours de l’année suivant la vaccination n'était pas significativement différent entre les deux groupes : on passe à 6,8 IST pour 1 000 jeunes filles dans le groupe vaccination, 4,2 pour 1 000 jeunes filles dans le groupe contrôle. Impossible donc de lier le vaccin à une hausse des comportements à risque.

    Identifier les freins

    Les deux vaccins anti-HPV (Cervarix, Gardasil) préviennent le cancer du col de l’utérus. Le second protège aussi des verrues génitales, du cancer anal mais aussi du cancer de la vulve ou du vagin. Pourtant, ils sont assez peu utilisés. « Dans la mesure où il s’agit d’un des rares médicaments jamais développé qui peut réellement prévenir le cancer, il est bon de pouvoir rassurer les parents, les médecins et les décideurs sur le fait que le vaccin ne favorise pas les pratiques sexuelles à risque chez les filles et les jeunes femmes », conclut Anupam Jena, co-auteur de l’étude.

    Dans un commentaire associé à l’étude, Robert Bednarczyk, de l’université Emory à Atlanta (Géorgie, Etats-Unis) insiste sur l’importance d’identifier les freins à la vaccination. En Australie où elle est obligatoire et réalisée à l’école, 80 % des adolescentes reçoivent au moins une dose. Ce n’est pas le cas en France, qui peine à atteindre les 30 % de couverture vaccinale. « Tout comme on n’attend pas d’être resté deux heures au soleil pour se mettre de la crème solaire, on ne devrait pas attendre d’être sexuellement actif pour tenter de prévenir une infection par papillomavirus », conclut le scientifique.

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