Baisse de la couverture vaccinale
Rougeole aux Etats-Unis : les politiciens contre les anti-vaccins
Alors que l'épidémie de rougeole continue à se répandre aux Etats-Unis, les législateurs américains veulent prendre des mesures pour éradiquer la principale cause : la baisse de la couverture vaccinale.
L’information pourrait être anecdotique si elle ne trahissait une tendance profonde : les Etats-Unis sont confrontés depuis décembre 2014 à une épidémie de rougeole. Entre le 1er et le 30 janvier 2015, 102 personnes de 14 Etats américains différents ont été diagnostiquées avec une rougeole, selon les derniers chiffres du Centre de Contrôle et de Prévention des Maladies (CDC). La grande majorité des cas (92 % selon l'organisme américain) sont liés à l’épidémie qui a débuté à Disneyland. La situation est telle que le président Barack Obama a appelé ses concitoyens à se vacciner : « Il y a toutes les raisons pour se vacciner, il n'y en a aucune pour ne pas se vacciner », a-t-il déclaré dans une interview à la télévision américaine.
Car c’est justement la baisse de la couverture vaccinale qui est en cause. Si la vaccination est bien obligatoire aux Etats-Unis (le taux de vaccination fédérale est de 92%), il existe de nombreuses dérogations : certaines sont médicales, pour des raisons d’allergies, ou d’inhibition du système immunitaire. Mais il existe aussi des « exemptions philosophiques », qui permettent aux parents de refuser que leurs enfants soient vaccinés. Elles existent dans dix-neuf Etats, dont la Californie, le Vermont ou le Nouveau-Mexique.
Ces exemptions philosophiques sont devenues plus fréquentes ces dernières années : dans certaines régions très riches des Etats-Unis, en particulier en Californie où se situe l’épidémie actuelle, la remise en cause de la vaccination est telle que dans certaines écoles, plus de 50 % des enfants ne sont pas vaccinés.
Si bien que plusieurs Etats américains envisagent de changer la législation afin de rendre plus compliqué les démarches des parents pour éviter à leurs enfants de se faire vacciner : la Californie, l’Oregon, ou l’Etat de Washington envisagent même de retirer de leur loi l’exemption philosophique.
« L’immunité grégaire », seule solution pour les personnes qui ne peuvent se pas être vaccinées
Les anti-vaccins, appelés communément « anti-vaxxers » aux Etats-Unis, sont vent debout car il existe selon eux un lien entre la vaccination et l’autisme. Cette association est basée sur une étude scientifique de 1998 qui a été retirée depuis. Cette publication est largement considérée comme érronée et a été réfutée par de nombreuses recherches (le CDC en fait la liste sur son site, en anglais) mais elle continue à convaincre de nombreuses personnes. Sur Internet, des dizaines de sites, souvent créés par des parents d’enfants souffrant d’autisme, expliquent comment l’Etat et la CDC mentent aux Américains.
Pourtant la vaccination de la population est nécessaire pour protéger les individus qui eux ne peuvent pas être vaccinées pour raisons médicales. C'est ce que les médecins appelent « l’immunité grégaire » : plus le taux de personnes immunisées augmente et plus le risque pour une personne non-immunisée de rencontrer un malade, et donc de contracter la maladie, diminue. Les campagnes des anti-vaxxers mettent donc en danger la vie de ces enfants. Dans le monde, environ 20 millions de personnes attrapent la rougeole tous les ans, et 146 000 en meurent.
Une maladie disparue en 2000, et au plus fort en 2014
Avant l'épidémie actuelle, 2014 avait déjà été une année « exceptionnelle » pour la rougeole : 644 cas, dans 27 Etats avaient été recensés (retrouvez une carte interactive des cas répertoriés par le New York Times). C’est tout simplement le plus grand nombre de cas rapportés depuis la disparition de la rougeole en 2000. Le virus est extrêmement contagieux, peut survivre durant deux heures à l’extérieur du corps humain, et se transmet quand une personne infectée tousse ou éternue. La rougeole est si contagieuse que « 90 % des personnes qui sont ne pas immunisées et qui rentrent en contact avec une personne malade peuvent être infectées », selon le CDC.
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