Pharmacovigilance

Médicaments dangereux : des délais trop longs avant le retrait du marché

Il s’écoule en moyenne quatre ans entre les premières observations de décès attribués à des médicaments et leur retrait du marché. Une durée qui n’a pas changé en 50 ans, déplorent des chercheurs.

  • Par Zoé Valié
  • GILE MICHEL/SIPA
  • 05 Fév 2015
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    Les médicaments soignent. Mais certains peuvent faire plus de mal que de bien, et même conduire à la mort. Combien de temps s’écoulent entre les premières observations d’effets secondaires graves, en particulier de décès, et les retraits du marché ? Des chercheurs anglais se sont penchés sur la question et livrent leurs résultats dans la revue BMC Medicine.


    Igho Onakpoya, et ses collègues, de l’université d’Oxford, ont passé aux cribles plusieurs bases de données, notamment celles des agences américaines et européennes du médicament (FDA et EMA) et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Ils ont identifié 407 médicaments retirés du marché dans le monde entre 1950 et 2013.


    95 médicaments

    Parmi ceux-ci, ils se sont plus particulièrement intéressés à 95 médicaments dont la commercialisation a été arrêtée dans au moins un pays suite à des décès. Dans plus de la moitié des cas, ces médicaments avaient une toxicité sur le cœur, le foie ou les poumons.


    Retirés du marché entre 1957 et 2011, la plupart de ces médicaments étaient administrés pour traiter des pathologies neurologiques ou psychiatriques. Il s’agissait aussi d’analgésiques ou d’anti-inflammatoires. On trouvait enfin des médicaments utilisés pour des pathologies cardiorespiratoires et des antimicrobiens.


    4 ans en moyenne

    En plus de 50 ans, la durée entre les premières notifications de décès attribués au médicament et leur retrait du marché n’a pas changé. Elle est toujours en moyenne de quatre ans. Ou de plus de deux ans dans 47% des cas. Enfin, 16 médicaments restaient commercialisés dans certains pays.

    Les chercheurs reconnaissent en revanche que les notifications des premiers décès attribués à des médicaments se font de plus en plus tôt après la mise sur le marché de ces produits. Mais les scientifiques demandent que les actions de régulation soient plus rapides après la notification d’effets indésirables graves suspects et qu’il y ait plus de coordination internationale dans la pharmacovigilance.

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