Hormones

Les problèmes de thyroïde peuvent compromettre la fertilité des femmes

Des chercheurs britanniques ont passé en revue la littérature scientifique sur les liens entre thyroïde et fertilité, avant, pendant et après la conception.

  • Par la rédaction
  • NICOLAS MESSYASZ/SIPA
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  • 31 Jan 2015
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    Des liens étroits existent entre la thyroïde et la santé reproductive. « Parce que la fonction de la glande thyroïde est sous le contrôle de l’axe hypothalamus-hypophyse, les changements dans la fonction de la thyroïde peuvent avoir un impact important sur la fonction reproductive avant, pendant et après la conception », soulignent Amanda Jefferys, du Southmead Hospital à Bristol, et ses collègues qui signent une revue de littérature sur le sujet dans la revue chercheurs The Obstetrician & Gynaecologist.  Ainsi les pathologies de la thyroïde représenteraient « le problème hormonal endocrine le plus courant affectant les femmes en âge de procréer », ajoutent-ils.


    Hyperthyroïdie: 2,3% des femmes à problème de fertilité

    L’hyperthyroïdie (fonctionnement en excès de la thyroïde) touche environ 2,3% des femmes consultant pour un problème de fertilité, contre 1,5% des femmes dans la population générale. Ce trouble hormonal est souvent associé  à des règles irrégulières (faibles ou trop fréquentes). Si l’impact du traitement de l' hyperthyroïdie sur les taux de grossesse dans les centres de procréation médicalement assistée reste à évaluer, selon les auteurs, le report d’au moins 6 mois de la grossesse après le traitement est recommandé.


    L’hypothyroïdie (sous-fonctionnement de la thyroïde) est également fréquente, elle concerne 0,5% des femmes en âge de procréer. L’hypothyroïdie peut aussi être associée à des perturbations des règles (diminution du volume et de la durée, saignements importants, absence de règles), voire même dans certains cas à une absence d’ovulation. Et même après un traitement substitutif, le nombre d’ovules, les taux de fertilisation, l’implantation, la grossesse et les taux de naissances vivantes semblent être réduits par rapport à des femmes ayant un fonctionnement normal de la thyroïde.

    Des taux élevés de TSH (hormone qui régule l'activité de la thyroïde) pourraient être associés à une réduction des taux de fertilisation durant la procréation médicalement assistée (PMA), ainsi qu' à des taux réduits de grossesse. Dans le cadre des conceptions par PMA, les récentes recommandations américaines conseillent donc le maintien des taux de TSH sanguins en dessous du seuil de 2,5 mU/L. 

    Thyroïde et fausses couches
    Par ailleurs, comme les hormones thyroïdiennes jouent un rôle important dans le développement de l’embryon, les pathologies thyroïdiennes ont longtemps été soupçonnées d'être associées avec un risque accru de fausses couches. Les preuves restent cependant toujours limitées. Parmi les études compilées par les auteurs anglais, une seule étude reporte un doublement du taux de fausses couches chez les femmes atteintes d'hyperthyroïdie.


    Enfin, la grossesse a un effet profond sur le fonctionnement de la thyroïde. A mesure qu’elle progresse, la demande en hormones thyroïdiennes augmente. Cela rend les femmes enceintes avec une pathologie thyroïdienne cachée ou subclinique plus sensibles à un dérèglement de la fonction de la thyroïde. La maladie de Graves (ou de Basedow), une pathologie auto-immune de la thyroïde, est la cause la plus fréquente d’hyperthyroïdie dans la grossesse, affectant jusqu’à 1% des femmes enceintes.

    Grossesse: bénéfice d'un dépistage élargi
    Actuellement, l'hypothyroïdie n'est recherchée systématiquement que chez les femmes à haut risque. Mais les auteurs soulignent ce dépistage ciblé « manquerait approximativement un tiers des cas d’hypothyroïdie cachée ou subclinique ». Il existe des preuves suggérant qu’un dépistage de dysfonctions de la thyroïde élargi à la population générale, et réalisé au début de la grossesse pourrait présenter un bénéfice. 


    Pour les femmes traitées pour un hypothyroïdie, la dose doit être augmentée au début de la grossesse. Puis le contrôle de la fonction thyroïdienne doit être effectué toutes les quatre à six semaines, afin d'ajuster si nécessaire si le traitement  afin de maintenir un taux sanguin de TSH optimal (de 0,5 à 2,5 mU/l).


    Le traitement contre l’hyperthyroïdie doit aussi être poursuivi en cas de grossesse. Un contrôle de la fonction thyroïdienne de la mère, ainsi que la croissance du fœtus et de son rythme cardiaque doit être effectué tout au long de la grossesse.

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