Enquête de l'UFC-Que Choisir

Personnes âgées : 4 ordonnances sur 10 à risque

L’UFC Que Choisir a analysé près de 350 ordonnances de personnes âgées. Quatre prescriptions sur dix seraient potentiellement dangereuses. L'association dénonce aussi la surprescription.

  • Par Julien Prioux
  • JAUBERT/SIPA
  • 28 Jan 2015
  • A A

    « Halte à l’overdose de médicaments pour les personnes âgées », c'est le titre de la dernière enquête de l’UFC-Que Choisir Santé parue ce mercredi. Les enquêteurs ont passé au crible 347 ordonnances de personnes âgées de plus de 75 ans polymédicamentées (au moins 5 lignes de prescription). Au final, ce sont donc 3 000 médicaments qui ont été passés en revue pour quantifier le phénomène de surprescription et ses dangers. Avec à la clé des résultats pour le moins inquiétants.


    Jusqu'à 21 médicaments par prescription

    Les taux de prescriptions inappropriées montrent en effet une surprescription de la part des médecins. Dans cette population polymédiquée, les personnes âgées se voient prescrire près de 9 médicaments différents par jour. L’ordonnance la plus longue en affiche même 21. Les enquêteurs s'interrogent : « A ces niveaux de prescription, les médecins sont-ils encore en mesure de s’assurer que chaque médicament est justifié et n’est pas plus dangereux que bénéfique ? » Et pour eux, leur analyse montre clairement que non.

    L'enquête révèle que 4 ordonnances sur 10 sont potentiellement dangereuses pour les patients âgés. De plus, plus d’une personne sur 20 se voit prescrire plusieurs médicaments inappropriés. Pire, sur près de 7 % des ordonnances, 2, 3, voire 4 lignes de prescriptions inadéquates ont été détectées.
    Trois classes de médicaments potentiellement inappropriés sont particulièrement fréquentes. Il s'agit des somnifères et tranquillisants (1 ordonnance sur 4), des médicaments dits "atropiniques" comme les antidépresseurs ou antispasmodiques (1 ordonnance sur 10), et enfin des vasolidalatateurs, indiqués dans le traitement des troubles cognitifs (hors démences et Alzheimer).  Pour ces derniers, 1 ordonnance sur 20 contient une prescription inadéquate.

    Des effets indésirables plus graves chez les personnes âgés
    Face à ces chiffres, l'UFC Que Choisir rappelle que la juste prescription est un enjeu « particulièrement important » pour les personnes âgées. L'association de défense des consommateurs explique qu'en vieillissant « l’organisme devient de moins en moins apte à éliminer les substances absorbées. Les médicaments restent donc en plus grande quantité et plus longtemps dans un organisme âgé. En outre, les effets indésirables liés à la prise d’un médicament sont souvent plus graves pour les personnes âgées, plus fragiles. »


    La déprescription, un enjeu financier
    Par ailleurs, cette surprescription a aussi un coût pour notre système de santé. Les dépenses de médicaments ont atteint en France 33,5 milliards d’euros en 2013, à près de 90 % pour des médicaments remboursables par l’Assurance maladie.
    En matière de médicament, les Français sont gourmands, avec une consommation par habitant 22 % supérieure à la moyenne des grands pays européens (1).

    Pour tenter d'enrayer cette spirale, Que Choisir presse donc les pouvoirs publics d’inscrire la « déprescription » pour les personnes âgées dans les indicateurs de rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP). Depuis 2011, les médecins libéraux peuvent, en effet, percevoir un complément de rémunération. Cette « prime à la performance » est conditionnée par plusieurs objectifs de santé publique qui doivent être remplis par le médecin traitant (réduction des prescriptions d’antibiotiques ou d’arrêts de travail, préférence aux médicaments génériques, etc.) 

    (1) Source : Comptes de la Santé 2013, données IMS Health 2012. Consommation mesurée en unités standard.

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