Enquête de 60 millions de consommateurs

Cabines UV : les professionnels dissimulent les dangers

Les professionnels qui travaillent dans les salons de bronzage dissimulent les risques sanitaires des rayons UV artificiels, selon une enquête de 60 millions de consommateurs.

  • Par Suzanne Tellier
  • SIERAKOWSKI FREDERIC/ISOPIX/SIPA
  • 22 Jan 2015
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    Les cabines UV sont à nouveau sous le feu des critiques. Une enquête de 60 millions de consommateurs a sondé le fonctionnement des salons de bronzage afin de déterminer si les professionnels jouaient le jeu en matière de sécurité. Visiblement, le compte n’y est vraiment pas.

    Femmes enceintes et peaux claires acceptées
    Pour les besoins de l’enquête, 50 clientes mystères se sont rendues dans des centres de bronzage de cinq grandes villes françaises - Lille, Lyon, Marseille, Paris et Strasbourg. Premier constat : les trois quarts n’ont reçu aucune mise en garde concernant les dangers des rayonnements. Pourtant, parmi ces clientes, certaines étaient enceintes de cinq mois ou plus ; d’autres avaient un phototype de peau incompatible avec des séances d’UV artificiels (peau claire, bronzage difficile).

    Logiquement, elles auraient dû se voir refuser l’entrée des cabines. La législation impose en effet aux centres de bronzage d’évoquer clairement les risques liés à une surexposition et les contre-indications. Certes, le client est le seul à pouvoir prendre une décision, mais il doit faire son choix en ayant connaissance des risques pour sa santé. Pour des raisons éthiques et sanitaires, les clientes n’ont pas procédé à la séance d’UV et sont restées à côté de la machine.

    Des conseils mensongers et illégaux
    Autre point sombre de l’enquête : les professionnels de santé continuent de chanter les louanges des séances d’UV artificiels, violant, la aussi la réglementation qui régit les salons. En effet, la toxicité de ces rayons ne fait plus aucun doute au sein de la communauté scientifique. Ils sont qualifiés depuis 2009 de « cancérogènes certains pour l'homme » par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC).

    La législation interdit ainsi aux professionnels des cabines d’évoquer des bénéfices pour la santé. D’ailleurs, sur les notices des appareils de bronzage doit figurer la mention suivante : « Il est recommandé de ne pas avoir recours aux appareils de bronzage. Le rapport bénéfice-risque pour la santé de l’utilisation de ces appareils est négatif et en défaveur des appareils de bronzage ».

    Malgré cela, de nombreuses clientes mystères ont été incitées à s’adonner à des séances répétées d’UV sous prétexte qu’ « avec des séances d'UV toutes les deux semaines, votre peau sera mieux préparée au soleil ». Une désinformation que l’on retrouve sur la plupart des sites Internet dédiés à la question.

    Des centaines de morts dans 30 ans
    L’association 60 millions de consommateurs demande donc l’interdiction pure et simple des cabines UV, à l’instar de certains pays – Brésil et Australie notamment. Les auteurs de l’enquête expliquent que la législation n’est pas appliquée, et qu’il est illusoire de penser que les professionnels du secteur s’y plieront, tant les conflits d’intérêt son nombreux.

    Ils rappellent également que selon un bulletin épidémiologique hebdomadaire de l'InVS (Institut Nationale de Veille Sanitaire) de 2012, l'utilisation des lampes à bronzage causerait 19 à 76 décès annuels par mélanome cutané. L’Institut prévoit que dans les trente prochaines années, 500 à 2000 décès annuels pourraient être dus aux ultraviolets artificiels.

    L'industrie des UV est en plein essor, rappelle l'association. Près de 40 000 appareils de bronzage essaiment le territoire français, contre 18 000 en 2010. Le secteur affiche des prix de plus en plus attractifs - de l'ordre de cinq euros la séance de dix à quinze minutes.

     

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