Dossier repris par l'Elysée, nouvelles actions des syndicats...

Projet de loi de Santé : Marisol Touraine dans la tempête

Face à l'impasse des discussions avec Marisol Touraine, les syndicats de médecins annoncent de nouvelles actions. Seul espoir pour ces syndicalistes, l'Elysée reprend en main le dossier "Loi de Santé".

  • Par Bruno Martrette
  • NOSSANT/SIPA
  • 21 Jan 2015
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    Après plusieurs réunions au ministère de la Santé, les discussions entre Marisol Touraine et les syndicats de médecins piétinent. Dans un communiqué de presse commun publié ce mardi, le SML (1) et la CSMF (2) ont donc réaffirmé leur opposition « totale et déterminée » au Projet de loi de Santé. Et pour mettre encore un peu plus la pression sur la ministre ils ont décidé d’engager de nouvelles actions communes.


    Pas de permanence des soins du 31/01 au 01/02

    Ils ont ainsi choisi de maintenir la grève administrative débuté en début d'année. Elle comprend la grève de la télétransmission (refus de la carte vitale) et des formulaires, « en veillant naturellement, à ne pas pénaliser les patients », écrivent ces syndicalistes. A ce sujet, le Dr Luc Duquesnel, président de la branche généraliste de la CSMF (UNOF) nous a confié que « contrairement à ce que prétend l'assurance maladie, celle-ci est très suivie. »
    Par ailleurs, ces organisations prévoient d’organiser dans les régions ou les départements, des actions de protestation, la semaine du 26 au 31 janvier.
    Ils ont aussi lancé un mot d’ordre de grève de la permanence des soins (gardes et astreintes) pour le week-end du 31 janvier au 1er février 2015.
    Le point culminant de cette mobilisation se tiendra sûrement au mois de mars, avant l’examen du projet de loi de Santé au Parlement, où les deux organisations appellent à une grande manifestation nationale. 

    Ecoutez le Dr Luc Duquesnel, président de l'UNOF-CSMF : « Les gens qui travaillent dans les caisses d'assurance maladie nous disent qu'ils sont innondés de feuilles de soins papier, par dizaines de milliers. »


    Une journée de grève des cabinets par mois
    Et pour aller encore plus loin dans cette mobilisation, le syndicat de généralistes MG France a annoncé pour sa part une cessation de l'activité le 5 février 2015. Plus une fermeture des cabinets tous les mois, « tant que les discussions avec le ministère de la Santé n'avancent pas », a indiqué récemment à Pourquoi Docteur le Dr Jacques Battistoni, secrétaire général de MG France.
    Le syndicat demande aussi à ces praticiens de poursuivre la grève des gardes débutée en décembre. 

    Le dossier "Loi de Santé" repris par l'Elysée
    Face à cette grogne des médecins qui ne faiblit pas, il semblerait que Marisol Touraine ait été désavouée par sa hiérarchie. D'après les syndicalistes, la ministre de la Santé n'aurait plus le monopole des discussions avec les organisations. Selon le Dr Luc Duquesnel, « c'est à cause de son mépris envers les médecins qu'elle a été écartée du dossier. Je pense par exemple à ses récentes déclarations à la télévision où elle répète constamment qu'un généraliste gagne en moyenne 31,40 euros par consultation. Alors que le tarif est bloqué à 23 euros depuis des années », rajoute-t-il. 
    Pour ce médecin, les prochaines réunions sur le sujet devraient donc se dérouler avec le conseiller Santé à l'Elysée. « Nous avons déjà des contacts avec lui », confie-t-il. Le président de l'UNOF pense que cette reprise en main du dossier par François Hollande constitue « un espoir, et que tout n'est pas perdu. » Surtout que pour lui, le mouvement des médecins va encore monter en puissance. 

    Ecoutez le Dr Luc Duquesnel : « J'espère qu'à l'Elysée on aura une autre écoute que depuis 6 mois. C'est préférable car le mouvement menace de monter encore en puissance avec les internes en médecine qui veulent nous rejoindre. »


    En réponse à ces menaces, Marisol Touraine a annoncé hier soir la création de quatre groupes de travail avec les professionnels de santé pour faire évoluer le texte avant son passage au Parlement. Les thèmes sont les suivants : le tiers payant, l’organisation des soins de proximité dans les territoires,  l’évolution de certaines compétences médicales, et les liens entre médecins spécialistes, cliniques privées lucratives et service public hospitalier. Un premier retour est attendu mi-février, d'après le ministère. 

    (1) Syndicat des Médecins Libéraux

    (2) Confédération des Syndicats Médicaux Français

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