Pas de contre-indication, effets bénéfiques...
La Fédération de foot veut ouvrir ce sport aux enfants épileptiques
Le foot est suspecté, à tort, de déclencher des crises chez les jeunes épileptiques. Pour lutter contre cette idée reçue, la FFF lance une campagne d'informations auprès des entraîneurs, dirigeants, et arbitres.
Le foot c'est bon pour la santé, y compris pour celle des épileptiques. Voici le message lancé ce lundi par la Commission Fédérale Médicale de la Fédération Française de Football (FFF) pour présenter sa nouvelle campagne intitulée « Football et épilepsie ». Avec l'ancien gardien des Bleus, Mickaël Landreau comme parrain, cette action a pour but de rassurer parents, dirigeants et entraîneurs au sujet des craintes qu'ils peuvent avoir vis-à-vis des joueurs épileptiques. « Ouvrons nos clubs à toutes les différences », ont lancé l'ensemble des participants (1).
Aucune incompatibilité
Lors d'une conférence de presse organisée ce lundi au siège de la FFF (Paris XVe), le Pr Pierre Rochcongar, président de la Commission Médicale de la Fédération, a rappelé qu'il n'y avait « aucune incompatibilité entre le football et l'épilepsie. » La pratique d'un sport est encore trop souvent suspectée, à tort, de pouvoir déclencher des crises d’épilepsie ou d'aggraver la maladie.
Une idée reçue que partagent bon nombre d'acteurs du football. « Nous sommes partis d’un constat : les médecins sont réticents à signer des certificats d’aptitude aux personnes épileptiques, les clubs hésitent à les inscrire et parfois les joueurs comme leur entourage cachent la maladie par peur des jugements. Nous avons donc souhaité dédramatiser cette maladie et faciliter l’accès à la pratique du football, comme aux autres sports », a déclaré le Pr Rochcongar.
Dans ce sens, il a souligné que « la plupart des épileptiques font des crises de quelques secondes qu'ils savent très bien gérer. Certains arrivent même à reprendre la rencontre 5-10 minutes après l'incident. »
Ecoutez le Pr Pierre Rochcongar, président de la Commission Médicale de la FFF : « Maintenant, on a la preuve scientifique que ces patients peuvent faire du foot sans problème. Tous les spécialistes en neurologie et en épileptologie sont d'accord. »
Apprendre les gestes qui sauvent
Pour mettre fin à la stigmatisation des épileptiques dans le foot, le Pr Pierre Rochcongar a présenté la nouvelle campagne de la FFF qui s'appuie sur trois films expliquant notamment les différents types de crises et les gestes à faire lorsqu'un joueur est victime d'une crise d'épilepsie. Les signes annonciateurs d'une crise y sont aussi largement décrits (secousses violentes, visage rouge, violet...)
De plus, la Ligue française contre l’épilepsie a mis à disposition, pour chaque région, une liste de médecins épileptologues référents, volontaires pour répondre à toute demande complémentaire qui pourrait être exprimé, en particulier par les médecins des ligues et des districts de football.
Enfin, et c'est sans doute le plus important, cette campagne sera complétée par des formations décentralisées dans les ligues et les districts, auprès des entraîneurs, dirigeants, arbitres et joueurs, en lien avec les médecins fédéraux, sur le modèle de l’opération « Les gestes qui sauvent ».
Ecoutez le Pr Pierre Rochcongar : « Tous les entraîneurs qui passent leur diplôme vont être formés sur les gestes à faire et à ne pas faire lors d'une crise d'épilepsie. Pareil pour les arbitres et les dirigeants. »
Des effets bénéfiques sur la maladie ?
Selon certaines études, l'activité physique pourrait même avoir des effets bénéfiques sur l'épilepsie. A ce sujet, le Dr Arnaud Biraben, Président de la Ligue française contre l'épilepsie (LFCE), a cité des recherches qui ont montré que « le football pouvait même diminuer la fréquences des crises chez les épileptiques. » Mais au-delà de ces résultats, ce médecin met en avant « l'épanouissement personnel » que permet le sport chez les jeunes malades. Tout en précisant qu'il est « toujours moins dangereux » de faire une crise sur un terrain de foot « avec du monde autour », que seul chez soi. Ce constat est valable pour la plupart des sports, « sauf peut-être l'alpinisme, à cause du risque de chutes », a-t-il conclu. La Commission Fédérale Médicale de la FFF souhaiterait voir les autres fédérations sportives mener des campagnes similaires.
Ecoutez le Pr Pierre Rochcongar : « Scientifiquement on commence à avoir des preuves qui montrent que la pratique du sport diminue la fréquence et l'importance des crises d'épilepsie. Mais l'activité physique c'est aussi un vrai médicament pour d'autres maladies. »
Un footballeur professionnel jouant actuellement en Ligue 1 serait épileptique; la preuve pour les enfants atteints par cette maladie qui affecte 1 % de la population française (30 000 nouveaux cas chaque année) que tous les rêves sont permis !
Source : vidéo YouTube
(1) Fédération française de football (FFF), Ligue du Football Amateur (LFA), Ligue française contre l'épilepsie (LFCE)