Découverte d'une enzyme

Des chercheurs expliquent enfin pourquoi le vin rouge est bon pour la santé

Des chercheurs californiens ont découvert le mécanisme précis de protection du resvératrol, un composant que l'on retrouve dans le raisin et le vin rouge. De quoi relancer un débat scientifique vieux de 25 ans. 

  • Par Léa Drouelle
  • Luis Hidalgo/AP/SIPA
  • 24 Déc 2014
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    Peut-on savourer un bon verre de vin rouge tout en protégeant son cœur ? Une question que les scientifiques se sont posés un millier de fois. En effet, on ne compte plus les nombreuses études sur le sujet. Ainsi, le vin rouge a été désigné comme un ami pour notre cœur et nos artères. Selon d’autres, il renforcerait également le système immunitaire. Mais au final, on compte autant de détracteurs que de partisans de la théorie du vin rouge et de ses effets protecteurs sur la santé. A tel point que la littérature scientifique nous laisse perplexe.


    Ecoutez le Pr Jean Ferrières, secrétaire Général de la Société Française de Cardiologie : « Il y a une grosse polémique transatlantique : les Américains pensent que c'est l'éthanol qui est protecteur alors que nous, Français, pensons que le vin est la boisson idéale parce qu'elle combine éthanol et resvératrol. »


    Le vin, consommé avec modération, est-il donc bon pour la santé ou est-ce seulement un bon prétexte pour enchaîner les verres sans culpabiliser ? Des chercheurs américains, dont les travaux ont été publiés ce mardi dans la revue Nature, ont peut-être percé ce mystère. 

    Une protéine activerait les gènes protecteurs
    Ces derniers ont repéré la présence d’une enzyme dans le resvératrol, un composant appartenant à la famille des polyphénols que l’on retrouve dans le vin rouge mais aussi dans d’autres produits alimentaires tels que le raisin ou le chocolat. Or, ce composant, représente justement le principal objet de la controverse scientifique autour du vin rouge. Le resvératrol possède en effet des vertus antioxydantes reconnues depuis longtemps.

    Selon l’équipe du Pr Mathew Sajik et du Pr Paul Schimmel, auteurs principaux de l’étude, l’action de l’enzyme découverte dans le resvératrol, permettrait de déclencher-ou de désactiver- le système de réponse cellulaire au stress. En effet, cette enzyme, nommée TyRs, active la protéine PARP-1, qui répare les dommages causés à l’ADN par ce stress. D’autres gènes se manifestent également via l’action de cette protéine... notamment ceux que l’on associe aux suppresseurs de tumeurs et à la longévité cellulaire. « Nous pensons qu’il ne s’agit que du sommet de l’iceberg, il y a sûrement beaucoup d’autres composants qui imitent les acides aminés et dont l’action pourrait se révéler tout aussi positive », suppute le Pr Schimmel, pour qui la prochaine étape consistera à identifier les composants en question. 


    Une découverte saluée par le Pr Jean Ferrières, Secrétaire Général de la Société Française de Cardiologie, « Cela apporte une pierre à l’édifice d’un débat scientifique vieux de 25 ans ! Et surtout, cela montre que les suppositions comme quoi le vin est bon pour la santé ne sont pas que de simples visions de l’esprit mais reposent sur des faits réels. Cette étude, laisse également entrevoir l’espoir de trouver une source médicamenteuse produisant les mêmes effets», s’enthousiasme ce dernier.

    Ecoutez le Pr Jean Ferrières, secrétaire Général de la Société Française de Cardiologie : « Ce que cette étude montre, c'est qu'il y a des mécanismes enzymatiques qui protègent réellement de l'athérosclérose. Ce n'est pas une vue de l'esprit.»


    A consommer avec modération ?
    Grâce aux chercheurs californiens, la théorie du rôle protecteur du vin rouge semble donc désormais reposer sur un argument solide. Autre bonne nouvelle : d’après les résultats des chercheurs, les gènes protecteurs s’activent même quand les quantités de vin sont faibles, à partir de 2 verres selon les chercheurs. Pour le Pr Ferrières, cet effet se prolonge jusqu’à 6 verres. Ce dernier met toutefois en garde contre une consommation excessive « Au-delà de 3 verres, le risque de cancer digestif commence à augmenter. Ce qui explique pourquoi on ne retrouve pas le phénomène de l’allongement de l’espérance de vie après les 3 verres ».

    Mais le resvératrol n’est qu’un composant parmi tant d’autres du vin. Et de surcroît, il ne serait pas le seul a posséder ces vertus protectrices, selon de nombreux scientifiques. Une raison supplémentaire pour croire aux bienfaits du vin. 

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