Etude au Royaume-Uni
Alcool : les éthylotests manquent de fiabilité
Un résultat négatif… à tort, ce n’est pas si rare avec un éthylotest. Selon une étude britannique, les appareils individuels manquent de précision et ne détectent pas toujours le niveau d’alcoolémie.
Les éthylotests, pas si fiables que cela. En pleine saison des fêtes, les bouchons de Champagne vont sauter… les points sur le permis aussi. En effet, selon une étude britannique parue dans le BMJ Open, les éthylotests disponibles en grande surface et en pharmacie manquent de précision. Sur trois modèles testés, aucun n’atteint une sensibilité de 100 %.
26 à 95 % de sensibilité
Une équipe de l’université d’Oxford (Royaume-Uni) a testé trois modèles d’éthylotests individuels (Dräger AlcoCheck, Alcosense Single, Alcosense Elite) auprès de 208 consommateurs adultes sur le campus. Chacun a testé les différentes marques à une minute d’écart, dans un ordre aléatoire. Les résultats des différents appareils ont été comparé à ceux d’un éthylomètre utilisé par les forces de police.
Selon l’appareil officiel, 18 % des participants dépassaient la limite légale (35 μg d’alcool pour 100 ml d’air expiré). Les éthylotests, eux, ont livré des résultats différents. Le modèle Alcosense Single a une sensibilité particulièrement basse (26 %). Les deux autres modèles, Alcosense Elite (multi-usage) et Dräger AlcoCheck, s’avèrent plutôt fiables avec une sensibilité respective de 90 et 95 %.
Ce n’est pas suffisant, tranchent les auteurs de l’étude. Une sensibilité de 95 % signifie qu’une personne sur 20 sera rassurée à tort sur son alcoolémie. Et les conséquences d’une telle erreur peuvent s’avérer dramatiques. « Le fait que ces dispositifs soient vendus en pharmacies agréées, y compris des chaînes nationales, ne garantit pas une précision suffisante pour un usage sûr », rappellent les chercheurs. Ils reconnaissent une limite à leur étude : les modèles ont été testés 20 minutes après la consommation alors que les fabricants demandent un délai de 30 minutes… mais de telles conditions d’évaluation sont plus proches de la réalité d’un consommateur alcoolisé.
En France aussi
Les éthylotests individuels ont déjà été mis en cause par deux organismes français. 60 Millions de consommateurs (en 2010) et UFC Que Choisir (en 2013) ont épinglé le manque de précision des modèles certifiés dans le pays. En réaction, le gouvernement avait reporté sine die l’application de sanctions si l’automobiliste ne disposait pas d’un éthylotest approuvé dans son véhicule.
Deux marquages permettent de repérer ces modèles : NF X 20 702 (modèles chimiques) et NF 20 704 (modèles électroniques). Parmi eux, deux modèles sont de la marque Dräger.
Mais les certifications CE ou NF n’évaluent pas la précision de l’appareil, soulignent les auteurs : elles évaluent la qualité et la sécurité des produits. Sans compter que, comme elles sont apposées par le fabricant et présument de la qualité de l'ensemble des produits, elles peuvent aussi être mensongères.