Mise au point à Lyon

Une technique pour révéler les secrets de l'ADN endommagé

Une découverte française. Des chercheurs de Lyon ont mis au point une nouvelle technique d’analyse de l’ADN. Elle permet de détecter des fragments jusqu’ici invisibles.

  • Par Audrey Vaugrente
  • SUPERSTOCK/SUPERSTOCK/SIPA
  • 15 Déc 2014
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    Grâce à l’analyse ADN, la science avance à grand pas. Mais les techniques les plus pointues peuvent se heurter à des limites, lorsque l’ADN est trop endommagé, par les éléments naturels ou la cuisson par exemple. Une équipe du CNRS, de l’Ecole normale supérieure de Lyon et de l’université Claude-Bernard Lyon 1 publie dans PLOS One une nouvelle approche qui permet de détecter des fragments d’ADN jusqu’ici invisibles.

     

    « Extrêmement flexible et rapide »

    L’analyse d’ADN s’appuie sur l’amplification des fragments disponibles. Lorsque l’échantillon est endommagé, la technique de référence perd en fiabilité. En effet, après la mort d’un organisme, l’ADN se dégrade - particulièrement s’il est exposé aux éléments naturels ou chauffé à haute température. L’équipe du CNRS à l’origine de cette publication a mis au point une méthode différente, l’analyse par hybridation SERRS. « C’est une "canne à pêche optique" », illustre Isabelle Daniel, chercheuse au Laboratoire de géologie de Lyon (Rhône) contactée par pourquoidocteur. « On envoie une une sonde avec des molécules spécifiques, et on récupère le signal qui correspond à ces molécules. »

     

    Cette « canne à pêche » facilite l’identification de fragments d’ADN en ciblant des fragments spécifiques sur les deux brins de l’ADN. Ainsi, il est possible d’analyser des fragments anciens. Par ailleurs, l’ADN, s’il est présent, peut être rapidement repéré, en quelques heures seulement. « C’est un test extrêmement flexible et rapide », commente Isabelle Daniel. Les résultats obtenus peuvent être séquencés de manière à repérer les espèces ou les erreurs génétiques.

     

    De nombreuses applications

    La méthode est applicable à de nombreux domaines : recherche médicale, médecine légale, archéologie… mais aussi consommation courante. « Avec notre test, on repère les brins d’ADN qui nous intéressent, on peut repérer telle ou telle espèce, comme par exemple dans le scandale de la viande de cheval, ou pour repérer les fraudes au porc dans les produits destinés aux musulmans », explique Isabelle Daniel. En archéologie, l'ADN est souvent détérioré à la fois par le temps écoulé entre la mort de l'organisme et l'analyse, et l'exposition aux éléments naturels. Comme cette technique recherche de courts fragments, ce problème est en partie résolu. Cela permet là-encore d'identifier l'espèce. Les analyses post-mortem d'anciens rois ou pharaons pourraient retracer la généalogie du défunt, mais aussi les maladies dont il a pu souffrir.

      

    Dans le cancer, la recherche d’ADN peut s’avérer utile à des fins diagnostiques. Avec une simple prise de sang, « on pourrait détecter les phases précoces de cancer avec l’ARN messager, ou des mutations particulières », estime Isabelle Daniel. Une technique moins invasive que la biopsie. Il serait même possible d’imaginer une réparation des sites abîmés.

     

    Pour le moment, seules de petites séquences d’ADN peuvent être détectées par cette technique, mais tout support est virtuellement détectable. « Aujourd’hui il reste une petite étape à franchir : il nous faut gagner en sensibilité pour rendre le test plus fiable », conclut Isabelle Daniel. « On sait comment faire mais on a décidé de s’arrêter au concept et aux preuves de faisabilité pour notre étude. » 

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