Formes précoces
Cancer du sein : la radiothérapie après 70 ans est prescrite à tort
La radiothérapie classique pour traiter un cancer du sein au stade précoce est encore trop prescrite avant et après 70 ans, révèlent deux études américaines.
La radiothérapie pour traiter les formes précoces de cancer du sein ne devrait pas être systématique. En particulier chez les femmes âgées. C’est ce que rappelle des chercheurs dans une étude publiée dans la revue Cancer.
Pas de diminution de risques de récidive
Les cinq chercheurs américains à l’origine de l’étude ont réuni des données de plus de 40 000 femmes britanniques et américaines âgées de plus de 70 ans, tous atteintes d’une forme précoce de cancer du sein au cours de la période 2000-2009.
Les analyses ont révélé que près de deux tiers de ces femmes se sont vues prescrire des séances de radiothérapie, malgré des recommandations faites en 2004 qui indiquaient de ne pas recourir à la radiothérapie chez les femmes seniors atteintes de cancer du sein précoce. « Nos résultats mettent en lumière la difficulté des praticiens à prendre en compte les nouvelles données d’essais cliniques, qui recommandent de se passer d’un traitement qui était considéré auparavant comme une norme de soin », souligne le Dr Blitzbau, l’un des auteurs de l’étude.
Ces spécialistes rappellent par ailleurs, en se basant sur une étude réalisée l’an dernier, que la radiothérapie chez les plus de 70 ans ne diminue pas les taux de récidive du cancer du sein et n’augmente pas non plus l’espérance de vie. La chirurgie réparatrice et le traitement au tamoxifène suffisent . Selon les chercheurs, les seniors peuvent donc se passer de radiothérapie car cela leur « épargnerait tes de s’exposer aux toxicités associées à la radiothérapie ».
Réduire la durée du traitement
Ce constat ne concerne pas uniquement les femmes de 70 ans. En effet, selon une autre récente étude publiée dans JAMA, les femmes plus jeunes devraient, elles auss,i éviter de passer par la case radiothérapie traditionnelle.
Selon des recommandations issues d’un essai clinique mené en 2004, une radiothérapie hypofractionnée (de 3 à 5 semaines mais avec des doses plus fortes) réduit le caractère lourd et invasif du traitement, et rend la thérapie plus supportable que les séances classiques ( de 5 à 7 semaines).
Dans cette étude, des chercheurs américains de l’université de Pensylvanie ont observé les résultats de l’usage de ces deux thérapies entre 2008 et 2013 basées sur les données administratives de 14 centres de soins de santé aux Etats-Unis sur des femmes atteintes de cancer du sein précoce et âgées de moins de 50 ans.
Ils ont constaté que le recours aux radiothérapies hypofractionnées est passé de 8,1 % à 21,2 % chez les femmes âgées de moins de 50 ans. « L’absence claire de recommandation en faveur de l’utilisation de la radiothérapie hypofractionnée a contribué à ralentir les prescriptions de ces traitements, aux Etats-Unis comme dans les autres pays. Mais les chiffres observés en 2013 sont encourageants. L’évolution de ces usages au cours des prochaines années sera donc décisive pour déterminer si la tendance continuera dans ce sens », concluent les auteurs.
En France, la radiothérapie pour traiter le cancer du sein est principalement recommandée après une chirurgie reconstructrice en cas de risques de récidive, ou au stade métastatique (stade avancé). Le protocole classique de radiothérapie pour des femmes opérées d’un cancer du sein est de 25 séances quotidiennes à une dose moyenne minimum de 50 Gy.