Difficultés de recrutement
Marisol Touraine veut rendre l’hôpital attractif
La ministre de la Santé a annoncé la création d’une mission sur l’attractivité des carrières médicales pour pallier la pénurie de main d’œuvre à l’hôpital.
L’hôpital n’a pas la cote. Depuis quelques années, le secteur public peine à recruter. A la fin de leur internat, les étudiants de médecine se pressent dans les cliniques ou les cabinets libéraux, mais boudent l’institution. Et ceux qui y exercent lorgnent les carrières du privé. Résultat : des postes vacants et une qualité de travail menacée.
Propositions attendues avant la fin de l’année
Pour inverser la tendance, Marisol Touraine, la ministre de la Santé, va lancer une mission sur l'attractivité des carrières à l'hôpital public. Elle sera menée par Jacky Le Menn, ex-directeur de l’hôpital de Saint-Malo. Cet ancien sénateur socialiste de 73 ans était membre de la commission des Affaires sociales au Sénat. Il a déjà réalisé plusieurs rapports, notamment sur les agences régionales de santé (ARS), la tarification hospitalière et la biologie médicale. Sa mission commence le 1er décembre.
« Un premier bilan à la fin du mois de décembre permettra la mise en œuvre rapide des premières mesures d'amélioration de l'attractivité médicale », explique un communiqué du ministère. Des propositions sont attendues « sur la diversification des modes d'exercice, le fonctionnement en équipe, la dynamisation des carrières médicales hospitalières et leur gestion, notamment en début en fin d'exercice », ainsi que sur « l'amélioration des conditions de travail ».
1 poste sur 4 vacant
Marisol Touraine s’était engagée auprès des syndicats hospitaliers à se pencher sur la perte d’attractivité de l’hôpital, un phénomène connu depuis longtemps. De fait, le taux de vacances pour les postes à temps plein est de l’ordre de 23%, et 40% pour les postes à mi-temps.
En janvier 2013, le député PS Olivier Veran a ainsi produit un rapport pour dénoncer les conséquences de ce manque d’attrait pour l’hôpital : « détérioration de la qualité et de la sécurité des soins », souffrance au travail, ou encore recours massif à l’intérim médical – une pratique qui représenterait un surcoût de 500 millions d’euros par an.
Anesthésistes, premiers touchés
Plus récemment, la Cour des Comptes a analysé les secteurs qui souffrent tout particulièrement de cette pénurie de main d’œuvre. Les anesthésistes sont en première ligne, avec plus d'un poste de médecin titulaire hospitalier sur quatre vacant. Et la situation devrait s'aggraver avec le départ en retraite de plus de 1.600 praticiens d'ici à 2020.
Radiologues, psychiatres, urgentistes et pédiatres peinent à attirer des futures recrues. Les établissements de santé signalent aussi une pénurie concernant les kinésithérapeutes, les infirmiers et les aides-soignantes.
Conscients de cette difficulté de recrutement, les syndicats ont émis des propositions pour rendre l’hôpital attractif. La FHF a ainsi suggéré ainsi de mettre en place une plateforme de recrutement et d’informations, sorte de « bourse aux postes » qui mettrait à disposition de l’ensemble des médecins les offres de postes hospitaliers vacants ou à venir. Elle souhaite également améliorer la communication sur les carrières de l’hôpital dès la formation initiale, et invite les futurs médecins à se rendre sur le site Internet « PH par intérêt ».