Sur le projet de loi santé
Grève des médecins : Marisol Touraine rouvre les négociations
Marisol Touraine a proposé de rouvrir les discussions sur son projet de loi Santé controversé. Une annonce saluée par les syndicats de médecins qui maintiennent toutefois leur appel à la grève à Noël.
Après les syndicats de généralistes, et ceux représentant l'ensemble de la médecine libérale, c'est à présent l’association d’urgentistes SOS Médecins qui a décidé de s’associer au mouvement de grève des médecins libéraux entre Noël et le Jour de l’an. Avec le soutien récent des cliniques privées (FHP) tous entendent protester contre le projet de loi santé de Marisol Touraine qui viendra en discussion au Parlement en janvier prochain.
L'Ordre des médecins prend acte positivement
Dans ce contexte, la ministre de la Santé a affirmé dans une interview publiée dans Le Figaro mardi soir qu'elle comprend les inquiétudes des médecins. « S'il faut ajuster, préciser, améliorer les aspects de cette loi, je le ferai, déclare-t-elle. Je vais rencontrer à nouveau l'ensemble des acteurs concernés d'ici la mi-décembre et poursuivre la concertation déjà engagée. » Concertation qui était néanmoins close depuis des semaines, et dont l'Ordre des médecins, entre autres, réclamait la réouverture.
D'ailleurs, dans un communiqué de presse publié ce mercredi le Conseil National de l’Ordre des Médecins (CNOM) a indiqué qu'il prenait acte « positivement » de la reprise de la concertation publique par Marisol Touraine.
Le tiers payant : une mesure non négociable
Mais le ministre compte aussi réaffirmer ses positions. Elle a confié au Figaro qu'elle n'entendait pas céder un pouce sur le terrain du tiers payant généralisé. Tout en répétant que les médecins ne seront pas sanctionnés s'ils n'appliquent pas la dispense d'avance des frais à tous leurs patients.
« J'introduirai dans la loi des garanties aux médecins sur le tiers payant, promet-elle. Les coûts de gestion seront totalement maîtrisés et les délais de paiement des médecins par l'Assurance maladie n'excèderont pas quelques jours », martèle-t-elle pour tenter de rassurer.
Peu probable qu'elle réussisse cependant à convaincre les libéraux pour qui le tiers payant généralisé est un véritable point de blocage
« Il s'agit d'une mesure dogmatique, coûteuse, inutile et techniquement très complexe », confiait récemment à la rédaction de pourquoidocteur Jean-Paul Ortiz, président du premier syndicat de médecins libéraux (CSMF).
Censée entrer en vigeur en 2017, ce médecin qualifiait la mesure de « dogmatique, coûteuse, inutile et techniquement très complexe. » Pour lui, prétendre qu'elle se fait pour un meilleur accès aux soins des plus démunis est un « faux débat. »
Ecoutez le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF : « Les populations les plus défavorisées (CMU, CMU-C, ACS, AME) ont déjà un tiers payant intégral. » (entretien réalisé le 5 novembre 2014)
Vers une médecine low-cost
Pour conclure, le Dr Jean-Paul Ortiz demandait que la médecine libérale soit respectée, « et qu'on en tienne compte dans l'organisation du système de santé. » « La loi de santé de la ministre va à l'inverse puisqu'elle centre tout sur l'hôpital », pensait-il.
Selon lui, cela passe notamment par une revalorisation à sa juste valeur financière de la profession, mais aussi par une formation continue de qualité, « dans le cadre d'un véritable DPC que l'état doit financer. » « Sans ça, on se tourne de plus en plus vers une médecine "low cost" », concluait-il.
Ecoutez le Dr Jean-Paul Ortiz : « Aujourd'hui, la valeur des actes est déconnectée du service rendu à la population. Il faut travailler dessus de façon urgente. » (entretien réalisé le 5 novembre 2014)