Thérapie génique

Myopathie : un traitement expérimental chez le chien suscite l’espoir

Des chiens atteints de myopathie, maladie qui entraîne un affaiblissement musculaire, ont récupéré en force musculaire grâce à la thérapie génique. Des essais devraient débuter prochainement chez l’homme.

  • Par Raphaëlle Maruchitch
  • DURAND FLORENCE/SIPA
  • 10 Nov 2014
  • A A

    La myopathie de Duchenne, maladie neuromusculaire la plus fréquente chez les enfants, est causée par la déficience d’un gène. Aujourd’hui, la thérapie génique apporte l’espoir d’un traitement pour cette maladie : en utilisant la thérapie génique, des chercheurs de Nantes ont réussi à obtenir des résultats très probants sur des chiens, a rapporté France Info le 9 novembre.


    Les essais en cours pour ce traitement résultent d’un travail de recherche de l’Atlantic Gene Therapies, dont l’unité Thérapie génétique des maladies neuromusculaires est engagée dans le réseau AFM-Téléthon « DMD/U7 » depuis 2009 (en collaboration avec le laboratoire Généthon, l’Institut de Myologie, l’INRA UMR 703 de Nantes et l’Oniris de Nantes).

    Chez les personnes atteintes de myopathie de Duchenne, un gène (gène DMD) est déficient. En conséquence, les cellules n’arrivent pas à produire une certaine protéine, la dystrophine. Le développement des muscles est entravé et la maladie provoque alors une dégénérescence musculaire. La myopathie de Duchenne touche quasiment exclusivement les garçons, car l’anomalie est portée par le chromosome sexuel X.


    Emploi de la technique du saut d'exon

    C’est à Nantes à l’Atlantic Gene Therapies que s’est déroulé le protocole expérimental, sur 18 canidés qui ont été suivis pendant trois mois et demi. Le produit, nommé AAV-U7, injecté dans les pattes antérieures des animaux permet au gène DMD de ne pas « traduire » sa partie déficiente lorsqu’il produit de la dystrophine. C’est que l’on appelle la technique du « saut d’exon », qui représente 2% des essais de thérapies géniques d’après l’Inserm. La technique est différente de la technique classique de transfert de gène-médicament, impossible dans le cas du gène DMD dont la taille est trop grande pour envisager l’injection. Dans le cas des chiens qui ont reçu de l’AAV-U7, les cellules ont alors été capables de produire la molécule débarrassée de ses protéines non fonctionnelles. Plus courte que la dystrophine, cette molécule est la quasi-dystrophine. Les chercheurs ont constaté que 80% des fibres musculaires l’exprimaient, alors que 40% environ permettent déjà d’améliorer la force musculaire. Résultat : les malades à quatre pattes ont vu leur force musculaire s’améliorer.

    En 2010 et 2011, l’efficacité de ce produit thérapeutique avait été démontrée et sa dose thérapeutique déterminée chez des chiens atteints de myopathie, indique sur son site l’Atlantic Gene Therapies. Le produit était alors rentré dans des études de toxicologie réglementaire visant à montrer l’innocuité du traitement afin de pouvoir soumettre la demande d’essai clinique.


    Des essais prévus chez l'homme

    Au vu des bons résultats, le traitement devrait être très prochainement – à un horizon d’une grosse année environ – testé sur les hommes. L’essai clinique devrait être entamé sur un petit nombre de patients atteints de la maladie, au moyen d’injections « au niveau d’un bras comme première étape de traitement », a indiqué Caroline Le Guiner, chercheur au laboratoire Atlantic Genes Therapies, au micro de France Info.

    Rappelons qu’actuellement, cette maladie génétique rare touche chaque année 150 à 200 garçons nouveaux-nés en France, d’après l’Inserm. 2 500 personnes environ sont affectées par la maladie.

    Pour laisser un commentaire, Connectez-vous par ici.
    
    -----