Centre Contre les Manipulations Mentales
Santé : une campagne pour dénoncer les dérives sectaires
Prévenir le grand public des dangers représentés par les dérives sectaires dans le domaine de la santé. Tel est l'objectif de la campagne de prévention lancée le 3 novembre par le CCMM.
Charlatans, gourous…la médecine n’échappe pas au fléau des dérives sectaires. Du psychothérapeute sans diplôme aux pratiques douteuses dites « expérimentales », ces dérives représentent des réels dangers pour la santé des patients vulnérables qui sont de plus en plus nombreux à y recourir. Dans ce contexte, le Centre Contre les Manipulations Mentales (CCMM) vient de lancer une campagne de prévention pour mettre les patients en garde contre ce type de pratiques.
Les seniors représentent des « proies faciles »
« Danger ! Attention aux traitements médicaux et aux faux thérapeutes ». C’est le message choc de cette campagne lancée le 3 novembre en partenariat avec la Mission Interministérielle de Vigilance et de Lutte contre les Dérives Sectaires (Miviludes) et le ministère de la Santé. Selon Laure Telo, présidente du CCMM, « on assiste à l’explosion d’une multitude de petites structures qui échappent aux gardes fous. Un terreau fertile pour capturer les proies faciles que sont les patients en souffrance. » Ces « proies faciles » désignent en particulier les personnes âgées de 80 ans et plus.
Des dangers multiples
Les plus gros abus se situent chez les psychothérapeutes. Selon des chiffres de la Milivudes en effet, plus de 4000 psychothérapeutes autoproclamés en France n’ont reçu aucune formation et ne figurent sur aucun registre officiel. Les conseils donnés peuvent être dévastateurs pour le patient. Par exemple, l’arrêt soudain du traitement pour soigner les dépressions sévères, au nom d’un rejet des méthodes traditionnelles, peut mettre la vie du patient en danger.
Ce risque s’applique également aux patients atteints de cancer : vulnérables, ces derniers peuvent être tentés d’interrompre leur chimiothérapie. Selon la Miviludes, 60 % de ces patients se sont déjà tournés vers ces pratiques sectaires.
Un discours séduisant
Pour Serge Blisko, président de la Miviludes, le recours à ces pratiques résulte d’une stratégie de communication extrêmement bien rodée et d’un discours séduisant pour un patient malade : « si l'on dit à un malade du cancer qu’il ne perdra pas de cheveux et que le traitement n’aura aucun effet secondaire, il sera forcément plus séduit que par le discours d’un chirurgien annoncant une lourde opération sans garantie d'être sauvé », explique-t-il.
Faire la part des choses
« Heureusement, il n’y a pas un groupe sectaire derrière chaque dérive thérapeutique », souligne le président de la Miviludes. Toute la difficulté est de faire la part des choses entre une thérapie complémentaire bénéfique, par exemple dans la lutte contre la douleur, et une méthode miracle pouvant cacher une dérive sectaire.
Pour Serge Blisko, il faut s’inquiéter lorsque le « thérapeute » impose de substituer sa méthode aux traitements conventionnels suivis jusqu’alors. « C’est toute la différence entre une thérapie complémentaire et une alternative. Quand on pousse un malade du cancer à arrêter sa chimiothérapie en le convaincant que sa maladie provient d’un traumatisme psychologique d’ordre familial comme dans la « nouvelle médecine germanique » ou qu’on lui conseille de préférer le jus de fruit ou une méthode d’imposition des mains comme le reiki, il y a grand danger », insiste le président de la Mission.
Les médecins doivent participer à cette prévention
Le corps médical a aussi un rôle à jouer dans l’information du grand public. Les Français font, en effet, très majoritairement confiance à leur médecin traitant mais n’abordent que très rarement avec lui les thérapies complémentaires auxquels ils ont recours. « Si les médecins classiques faisaient l’effort de comprendre le besoin qu’ont leurs malades de se tourner vers les thérapies complémentaires et arrêtaient de tourner le sujet en dérision, ils pourraient ouvrir le dialogue et jouer un rôle précieux pour aider leurs patients à discerner les pratiques dangereuses », souligne Serge Blisko, lui-même médecin de formation.