En Angleterre

Binge-drinking : de plus en plus de décès liés à l’alcool

Depuis douze ans, le nombre de décès liés à des maladies du foie a augmenté de 40% en Grande-Bretagne. L’alcool serait en grande partie responsable, selon une enquête.

  • Par Marion Guérin
  • Alastair Grant/AP/SIPA
  • 22 Oct 2014
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    C’est un message alarmant qu’adressent les autorités sanitaires anglaises à la population. Pendant douze ans, le PHE (l'agence de santé publique britannique) a mené une vaste enquête régionale pour tenter de comprendre pourquoi, en Grande Bretagne, le nombre de maladies du foie augmente si vite. L’agence a obtenu quelques réponses.

    Des décès chez les jeunes
    En une décennie le nombre de décès liés à une maladie du foie a grimpé en flèche. En 2001, les autorités en comptabilisaient ainsi 7 481; en 2012, ce nombre est passé à 10 948. Soit une hausse de 40%... Or, selon l’étude, le grand responsable serait l’alcool. Un tiers de ces décès lui seraient imputable, loin devant l’obésité, ou l’hépatite B et C.

    Le profil des patients atteints de maladie du foie a changé au gré des années. Si la plupart ont entre 40 et 60 ans, de plus en plus de jeunes d’une vingtaine ou d’une trentaine d’années se rendent dans les hôpitaux pour se faire traiter - ou décèdent des suites de ces pathologies. Les hommes sont deux fois plus touchés que les femmes.

    Génération alcopop
    En cause : le binge-drinking, pratique répandue en Grande-Bretagne, ou encore les « after-work » - les bières après le boulot – qui feraient partie de la culture anglaise. Mais les autorités pointent également un trop libre accès à l’alcool. De fait, dans les « 24 hours » (des magasins ouverts 24h sur 24), il est possible de se procurer des bouteilles à toute heure du jour et de la nuit - même si cette disponibilité n’est pas vraie partout en Angleterre. « Là où le nombre de licences par tête est élevé, le nombre de morts l'est aussi », explique le Pr Julia Verne, qui a mené l’enquête.

    L’étude appuie ainsi sa démonstration sur l’exemple de deux villes. A Blackpool (nord-ouest), le taux de mortalité lié à une maladie de foie est de l’ordre de 58,4 pour 100.000 personnes. Dans le district de Central Bedfordshire (centre), ce taux passe à 13 pour 100.000. Or, dans la première ville, on compte une licence de débit de boissons alcoolisées pour 72 adultes ; dans la seconde ville, ce nombre est nettement inférieur (une pour 280 adultes).

    « C’est une tragédie de voir des jeunes d’une vingtaine d’année mourir de maladies du foie liée à l’alcool. La génération « alcopop », telle qu’on la surnomme, a grandi dans une société où l’alcool est disponible partout, tout le temps, pour une bouchée de pain, et dans un milieu où la publicité n’a aucune limite », déplore Emily Robinson, présidente de l’association Alcohol Concern, sur le site de la BBC.

    L’exception britannique
    « L’Angleterre est le seul pays en Europe où le taux de mortalité lié à une maladie du foie est en hausse, poursuit Julia Verne. Dans les autres pays, ce taux baisse. C’est parce que notre consommation d’alcool augmente, quand la leur diminue ». Et elle dit vrai : dans les pays industrialisés, les taux de consommation ont tendance à augmenter chez les jeunes, mais globalement, ils diminuent depuis les années 1950, notamment en France.

    Ces résultats pourraient influencer les prochaines politiques en matière de consommation d’alcool en Grande-Bretagne. De nombreuses associations ont déjà émis plusieurs idées : modifier le système d’attribution de licences, augmenter les prix des boissons alcoolisées, réduire leur publicité… Nul doute : en Grande-Bretagne, d'ici peu, l’alcool n’aura plus quartier libre.

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