Etude française sur 3 300 bébés

60% des mères allaitent moins de 3 mois

Malgré les efforts du gouvernement, les Françaises ne sont toujours pas des championnes de l'allaitement. A 6 mois, les trois quarts des bébés ne sont plus nourris au sein, en dépit des recommandations sanitaires.

  • Par Audrey Vaugrente
  • CARO FOTOS/SIPA
  • 07 Oct 2014
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    !! PAPIER DEMAIN MATIN !!

    L’allaitement reste poussif en France : moins d’un bébé sur quatre est encore nourri au sein à 6 mois. C’est le constat du dernier Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire (BEH). Le Plan National Nutrition Santé (PNNS) recommande pourtant l’allaitement exclusif jusqu’à cet âge, ou au moins jusqu’à 4 mois.

     

    Une tendance positive

    A la maternité, 74 % des mères débutent l’allaitement. C’est ce qu’a révélé le suivi de plus de 3 300 enfants nés au premier trimestre 2012. A 3 mois, les chiffres sont moins bons, puisque 40 % des jeunes mamans continuent à donner le sein. Elles ne sont plus que 23 % à 6 mois et 9 % à un an. 

     

    Ces taux sont très inférieurs par rapport à nos voisins européens, comme le déplorent les auteurs du BEH : « Alors que seulement 59 % des enfants sont nourris exclusivement au lait maternel en maternité en France, cette proportion atteint par exemple 95 % au Danemark, 90 % en Pologne ou encore 89 % en Suède », notent-ils. « Favoriser la diffusion de la pratique de l’allaitement à la maternité passe notamment par des interventions de santé publique prenant en compte la diversité des populations et des attitudes. »

     

    Les chiffres français marquent malgré tout sur une tendance encourageante : de moins de 50 % d’allaitement à la maternité dans les années 1970, ils ont atteint les 69 % en 2010. Le PNNS se fixe, lui, comme objectif d'augmenter encore la fréquence de l’allaitement de 15 % d’ici l’an prochain.

     

    Des obstacles persistants

    Pour accroître davantage le taux d’allaitement, encore faut-il identifier les obstacles. C’est ce à quoi se sont attelés les auteurs de ce BEH. Il ressort de leurs travaux que la pratique est plus courante chez les femmes mariées, plus âgées, primipares, étrangères, ou de haut niveau d’études. « Malgré une réduction des écarts entre groupes sociaux depuis la fin de années 90, les taux d’allaitement en maternité restaient socialement différenciés en 2011 », soulignent les chercheurs. « Une manière d’atténuer sensiblement les disparités sociales françaises en matière d’initiation de l’allaitement serait d’élaborer des actions spécifiques en faveur des groupes les moins engagés dans la démarche. »

     

    Les mères en surpoids, qui ont fumé pendant la grossesse ou qui n’ont pas participé aux séances de préparation à l’accouchement ont moins tendance à donner le sein. Même constat chez les femmes dont le bébé est prématuré ou présente un petit poids à la naissance. Elément plus surprenant, il semble que la saison influence la propension à allaiter. En effet, les enfants nourris au lait maternel sont plus souvent nés au printemps qu’en automne ou en été…

     

    Mais des solutions existent pour encourager les femmes à allaiter. L’initiation à la maternité semble cruciale puisque, parmi les femmes qui ont donné le sein après l’accouchement, la durée médiane d’allaitement est de 15 semaines, soit environ 3 mois. « A travers la perception qu’il a de l’allaitement, le conjoint joue un rôle déterminant sur l’allaitement et la maternité », concluent également les auteurs de ce BEH.

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