Mesure phare du projet de loi de santé

Tiers payant généralisé : le sujet qui fâche les médecins

Une majorité de Français plébiscite la généralisation du tiers payant qui permettrait de ne plus avancer d'argent chez les médecins. Ces derniers y sont eux très hostiles.

  • Par la rédaction
  • SERGE POUZET/SIPA
  • 02 Oct 2014
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    L’Assurance Maladie paie aujourd’hui directement le médecin libéral, sans avance de frais pour le patient, lorsque ce dernier est couvert par la CMU ou l’AME (aide médicale d’Etat) : c’est le tiers payant. Et ce mécanisme constitue la mesure phrare du prochain projet de loi de santé qui prévoit l’extension du tiers payant à l’ensemble de la population. Une mesure qui n’est pas du goût de tous les professionnels de santé.

    Les médecins libéraux craignent pour leurs honoraires
    Par exemple, les médecins libéraux redoutent notamment un impact sur leurs honoraires. « La consultation (en médecine générale) est à 23 euros. (…) Demain, si vous imposez la généralisation du tiers payant, il faudra l’amputer de frais de gestion de 2 euros 50 par acte. (…) Le tiers payant se traduira-t-il par une baisse du tarif des consultations déjà si bas dans notre pays ? Cela, nous ne pouvons l’accepter !  », confiait récemment à pourquoidocteur le Dr Jean-Paul Ortiz, président du principal syndicat de médecins libéraux, la CSMF (1).

    Les médecins doutent également de la faisabilité de mise en applicationn de cette mesure. « Le tiers payant obligatoire, qui sera impossible à mettre en œuvre sur le plan technique, quoique prétendent les services du ministère de la Santé, sera une source d’erreurs multiples, sans aucun doute au détriment des médecins », affirmait le syndicat.

    De la justice sociale pour Marisol Touraine
    Un point que Marisol Touraine conçoit volontiers. La ministre avouant en effet que le « défi technique » du dispositif sera « très important ». Concernant les honoraires des médecins, la ministre s’est voulue encore plus rassurante en réaffirmant qu'elle voulait  « que les risques de trésorerie ou de charge administrative soient totalement maîtrisés, tant pour les médecins que pour les organismes payeurs. »
    Mais pour la ministre,  cette réforme doit surtout « permettre aux personnes de ne plus reporter leurs soins ou de ne plus y renoncer pour des raisons financières », a-t-elle souligné à de nombreuses reprises.  Actuellement, 35 % des actes de médecine de ville sont réglés par le biais du tiers payant.

    Enfin, Mariosl Touraine a rappelé à ces médecins que les cas de renoncement de soins pour des raisons financières ne concernent pas seulement les personnes en dessous du seuil de pauvreté (à savoir 982 euros par mois). « Il y a aussi des gens qui ont des revenus supérieurs à cela et qui ont des difficultés pour boucler les fins de mois. Je ne me résous pas à l’idée que ces personnes retarderaient leur visite chez le médecin libéral pour se faire soigner », a insisté la ministre.

    La Mutualité Française favorable au tiers payant
    Pour sa part, le président de la Mutualité Française, Etienne Caniard, souhaite « prendre à bras-le-corps le sujet du tiers payant » auquel il est favorable. « Un moyen simple, moderne, efficace et apportant une garantie de paiement aux professionnels de santé », selon lui.

    Pour rassurer ces derniers, Etienne Caniard prend l’engagement de simplifier au maximum toutes les procédures administratives, « car il est clair que les médecins sont là pour soigner leurs patients, pas pour remplir des papiers », a-t-il affirmé.
    Pour prouver sa bonne volonté, le président de la FNMF indique avoir écrit à ses homologues de la Fédération française des sociétés d’assurances (FFSA) et du Centre technique des institutions de prévoyance (Ctip) en vue de formuler auprès des éditeurs de logiciels des propositions simples et neutres pour les médecins, qui seront prêtes en 2017, au moment de la généralisation du dispositif.

    « Avec le tiers payant, les mutuelles évitent déjà à leurs adhérents d’avancer 6,8 milliards d’euros chaque année, fait-il valoir. Demain, avec la généralisation, ce seraient 11,2 milliards d’avance de frais qui, au lieu d’être extraits, pourraient être laissés à disposition des Français pour vivifier l’économie », a-t-il conclu.


    Les Français plébiscitent la généralisation du tiers payant

    Enfin, si c'est la voix des Français qui au final est écoutée, le choix sera des plus faciles pour la ministre. Selon un sondage (1) révélé il y a quelques jours dans Le Parisien et réalisé par OpinionWay pour le syndicat de médecins libéraux SML, deux Français sur trois approuvent le tiers payant généralisé. Le dispositif déplaisait par contre aux médecins. Ces derniers y étaient en effet très majoritairement opposés (95 %).

    (1) Confédération des syndicats médicaux français

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