Bullying
Le harcèlement à l'école trop souvent pris pour un rite de passage
La cour d'école peut être un terrain de jeu cruel. Les écoliers y sont souvent victimes de harcèlement, ce qui peut nuire profondément et durablement à leur santé, comme l'ont montré de nombreuses études.
« Cours Forrest, cours ! » Tout le monde se souvient de la réplique mythique du film Forrest Gump, où un petit garçon est la risée de ces camarades à cause de sa jambe artificielle. Mais pour de nombreux enfants, cette histoire est bien réelle et la cour d’école peut être un véritable enfer. Ils subissent en effet ce qu’on appelle « le bullying », un terme anglo-saxon faisant référence aux nombreuses humiliations et harcèlement de la part des autres élèves. Moqueries perpétuelles, surnoms cruels, agressions physiques. Les jeunes bourreaux ne manquent pas d'imagination pour atteindre leurs victimes. Des pratiques que l'on observe dans de nombreux pays et qui provoquent de profondes séquelles sur la santé physique et psychologique des enfants.
Cauchemars et somnanbulisme
Une étude britannique publiée récemment dans la revue Pediatrics réalisée sur des enfants victimes de harcèlement à l'âge de 10 ans a prouvé que ces derniers souffraient de désagréments nocturnes et de troubles du sommeil deux années plus tard : somnambulisme, cauchemar, peur du noir. Le ministère de la Santé et des Affaires Sociales des Etats-Unis pointe les risques de dépression pouvant conduire à des comportements suicidaires, même s'il précise bien que la plupart des enfants victimes de "bullying" ne développent pas de comportements suicidaires.
Conséquences sur la vie sociale
En revanche les séquelles peuvent être là quarante plus tard. C’est ce que montre une récente étude réalisée par une équipe de chercheurs de l’université de Londres. Ces derniers ont suivi le dossier de 7 771 personnes dont certaines ont été victimes de bullying à l’âge de 9, 11 et 13 ans. Les résultats révèlent que quarante ans plus tard, les adultes ayant subi un « bullying » durant leur enfance présentent des fonction cognitives plus faibles et une santé physique et psychologique plus fragile que les autres. En découlent des conséquences sociales : chômage, faible estime de soi, difficultés à s’intégrer socialement et à communiquer avec les autres. La liste est longue.
Rien à voir avec une simple bizutage
Un phénomène qui selon les chercheurs devrait être pris davantage au sérieux par le corps enseignant ainsi que par les parents qui ont encore « tendance à penser qu’il s’agit d’un rite de passage, un simple bizutage qui ne dure pas », alerte le Dr Copeland, psychiatre et auteur de l’étude. « C’est tragique car nous avons les moyens de régler ces problèmes mais trop peu de personnes bénéficient de l’aide dont ils ont besoin », déplore t-il.
En France, 10 % de collégiens estiment être victimes de harcèlement et 6 % de violences sévères et répétées (physiques, verbales et morales) selon une enquête du ministère de l’éducation nationale en octobre 2011.