Monopole pharmaceutique
Dérèglementation de la pharmacie : les conséquences pour les patients
Le modèle officinal risque d’être bouleversé par le projet de loi concocté par le gouvernement. Revue des différentes conséquences.
Les mesures envisagées par le gouvernement concernant la pharmacie se traduiront-elles par une baisse des prix des médicaments, un risque de surconsommation, ou encore l’apparition de déserts pharmaceutiques ? Pourquoidocteur passe en revue les différentes conséquences du projet de loi sur la croissance et le pouvoir d’achat, qui devrait être dévoilé la semaine prochaine.
Une baisse des prix ?
Le gouvernement envisage d’autoriser la vente des médicaments sans ordonnance en grande surface. Selon l’Inspection générale des finances (IGF), cette mesure pourrait faire baisser les prix de 10 à 20 %. Un argument que réfute l’Ordre des pharmaciens. Selon une étude menée par la société Celtipharm à la demande de l’Ordre, le prix des médicaments à prescription facultative entre 2009 et 2013 a augmenté moins vite que l’inflation, alors que le taux de TVA a lui progressé de 1,5 % en 2011. A titre d’exemple, le prix moyen de l’Humex Rhume a baissé de 0,7 % par an, celui du Citrate de Betaïne de 0,3 % et celui de l’Efferalgan vitamine C de 0,2 %. Et l’Ordre ajoute que les médicaments sans ordonnance sont parmi les moins chers d’Europe, alors même que la plupart des pays européens ont déjà autorisé leur vente en dehors des pharmacies.
Un moins bon conseil ?
Si les médicaments sans ordonnance sont délivrés en grande surface par un pharmacien, le patient pourra toujours lui demander conseil. Mais le rapport de l’IGF, sur lequel s’appuie le gouvernement, propose de le remplacer par un professionnel qualifié, estimant que « le rôle de conseil et de prévention joué par le pharmacien n’apparaît pas indispensable à la protection de la santé publique pour les médicaments à prescription facultative ». Combien de pharmaciens délivrent un conseil personnalisé dans les officines pour des médicaments sans prescription, demandent ceux qui remettent en caus le monopole.
Un risque de banalisation et de surconsommation ?
Vendre les médicaments sans ordonnance en grande surface risque de laisser penser qu’ils ne présentent aucun risque,n estiment les opposant à cete ouverture du marché. Or, par exemple, une surconsommation de paracetamol est mortelle. Chaque année en France, les médicaments provoquent 12 000 décès et 120 000 hospitalisations. De
Ainsi, les syndicats de médecins se sont prononcés contre la vente des médicaments hors des pharmacies, estimant que la sécurité ne sera pas garantie dans les supermarchés. De plus, Isabelle Adentot, présidente de l’Ordre des pharmaciens, insiste sur le fait que le pharmacien d’officine est un professionnel de santé avant d’être un commerçant, et d’ajouter que les pharmaciens des grandes surfaces ont une pression financière avec des objectifs de vente à respecter.
Enfin, à l'heure où les pouvoirs publics tirent la sonnette d'alarme sur notre surconsommation de médicaments, le mssage sur l'ouverture de ce marché à la grande distribution semble, pour le moins, contradictoire.
Vers des déserts pharmaceutiques ?
Le projet du gouvernement serait de revoir les règles d’installation des officines, et d’ouvrir le capital des pharmacies à des investisseurs. Or les chaînes n’iront s’installer que dans les commerces les plus rentables. De plus, si le monopole pharmaceutique volait en éclats, les conséquences pour les pharmacies rurales risquent d’être rudes. Selon l’Union des groupements de pharmaciens, cette mesure pourrait entraîner la fermeture de 4 000 pharmacies.