1 900 morts en cinq mois
Ebola : l'OMS donne son feu vert à 8 traitements et 2 vaccins
Huit traitements et deux vaccins expérimentaux ont été sélectionnés par l’Organisation Mondiale de la Santé dont des experts sont réunis aujourd’hui et demain à Genève.
- Le Dr Marie-Paule Kieny, Sous-Directeur général de l’OMS pour les systèmes de santé et l'innovation, Salvatore Di Nolfi/AP/SIPA
Le 12 août, un comité d'éthique de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) approuvait l'emploi de traitements non homologués pour lutter contre l'épidémie d'Ebola qui sévit actuellement en Afrique de l'Ouest. Des traitements dont l'efficacité n'est toujours pas connue, ainsi que les effets secondaires. Mais aujourd'hui, l'Organisation franchit un cap supplémentaire en proposant une liste de huit traitements et deux vaccins expérimentaux contre Ebola à développer au plus vite.
Pas disponibles pour un usage généralisé avant fin 2014
Cependant, aucun des huit traitements et des deux vaccins expérimentaux proposés « n'a été cliniquement prouvé », d'après le document de travail publié jeudi par l'OMS à l'intention des 200 experts convoqués à Genève pour faire le point sur les moyens pour lutter contre Ebola.
Pourtant, « alors que des mesures exceptionnelles sont maintenant mises en place pour accélérer le rythme des essais cliniques, les nouveaux traitements et vaccins ne pourront pas être disponibles pour un usage généralisé avant la fin 2014 », a prévenu l'organisation onusienne.
« D'ici là, seules de petites quantités pouvant aller jusqu'à quelques doses/traitements seront disponibles », a-t-elle indiqué, soulignant que le développement et l'évaluation clinique de ces traitements prendraient « jusqu'à 10 ans dans des circonstances normales. »
Les stock du sérum ZMapp épuisés
Par ailleurs, les stocks du sérum ZMapp, un traitement prometteur contre le virus Ebola testé pour la première fois fin juillet sur des humains mais difficile à produire en grande quantité, se sont épuisés.
Et selon le document de l'OMS, moins de dix doses du ZMapp (qui fait partie des 8 traitements listés jeudi par l'OMS) ont été utilisées. L'OMS espère que les efforts en cours pour accroître sa production permettront d'obtenir quelques centaines de doses d'ici fin 2014.
Pour ce qui est des deux candidats vaccins, l'OMS estime que plusieurs milliers de doses devraient être disponibles à partir de fin 2014 pour des essais cliniques et un usage compassionnel.
Dans ce contexte, la directrice générale de l'OMS, Margaret Chan a annoncé hier les derniers chiffres de l'épidémie. Celle-ci a tué 1 900 personnes. Et le Liberia a enregistré le plus grand nombre de cas (1 698) et de décès (871). Le Nigeria est affecté dans une moindre mesure (sept morts) et un premier cas a été recensé au Sénégal, celui d'un Guinéen qui avait passé la frontière.
Ebola : le nombre de malades pourrait tripler dans le mois
Résultat, on l'a bien compris, pour l'OMS, il y a désormais urgence à accélérer la mise en oeuvre de son plan anti-Ebola. Car comme l'a rappelé récemment Médecins Sans Frontières (MSF) après six mois de la pire épidémie d'Ebola de l'histoire, le monde est en train de perdre la bataille pour la contenir.
Et dans son plan d'action contre le virus présenté la semaine dernière, l'OMS n'était pas optimiste quant à l'évolution de l'épidémie. « Le nombre réel de cas pourrait être entre deux et quatre fois plus important que celui rapporté. Le virus est susceptible de contaminer plus de 20 000 personnes », affirmait l'un de ses dirigeants. Un constat sombre mais qui pourrait être pire encore, selon d'autres experts.
En effet, dans Science, un physicien américain a publié il y a quelques jours des projections scientifiques sur le virus Ebola. Selon lui, 100 000 personnes pourraient être touchées dans les mois à venir si plus de moyens ne sont pas envoyés en Afrique.