Discours devant l'ONU
Ebola : MSF dénonce une "coalition mondiale de l'inaction"
Pour Médecins Sans Frontières, après six mois de la pire épidémie d'Ebola de l'histoire, le monde est en train de perdre la bataille pour la contenir. Plus de 1500 décès ont déjà été recensés.
Ca ne peut plus durer ! Dans son dernier communiqué de presse, Médecins Sans Frontières (MSF) dénonce l’inaction de la communauté internationale face à l’épidémie de fièvre Ebola en Afrique de l’ouest. Pour l'association, les Etats disposant de ressources et de moyens spécialisés doivent les déployer le plus rapidement possible dans les pays affectés.
Un besoin de plus de ressources médicales civiles
Plus précisément, MSF appelle les pays disposant de capacités de réponse à une catastrophe d’origine biologique, et notamment de ressources médicales, civiles et militaires, à les envoyer en Afrique de l'ouest. Dans un discours prononcé devant les Etats membres de l'ONU, la présidente internationale de MSF, le Dr Joanne Liu, a en effet dénoncé le manque de ressources internationales, ce qui de fait laisse les ministères de la Santé et les ONG seuls face à une épidémie d’une ampleur sans précédent depuis le mois de mars.
La réponse internationale reste inadéquate et insuffisante
Pourtant, le 8 août, l’OMS a déclaré que cette épidémie représente une urgence de santé publique de portée mondiale, mais ceci n'a pas donné lieu à une réponse significative. Résultat, « six mois après son début, le monde est en train de perdre la bataille contre la pire épidémie d'Ebola de l'histoire, a expliqué la présidente. Les Etats ont rallié une sorte de coalition mondiale de l’inaction », a-t-elle rajouté.
« Les gouvernements qui ont les moyens de faire face à cette situation ont la responsabilité à la fois politique et humanitaire d’offrir une réponse concrète à cette catastrophe. Au lieu de limiter leur réponse à la gestion de l’éventuelle arrivée d’un malade dans leur pays, ces pays devraient saisir l’occasion d’intervenir là où c’est nécessaire : en Afrique de l'ouest ».
En pratique, elle a plaidé pour que le nombre et la capacité des centres de traitement disposant de services d'isolement augmentent. Selon elle, cela permettrait de transférer et d'admettre les patients plus tôt, et ainsi de réduire de façon significative la mortalité.
Par ailleurs, du personnel qualifié doit être déployé encore davantage, et plus de laboratoires mobiles doivent être installés afin d'améliorer les possibilités de diagnostic.
Enfin, des ponts aériens doivent être établis pour transporter du personnel et du matériel vers l’Afrique de l'ouest et dans la région, et un réseau régional de centres de traitement doit être créé pour soigner les cas suspects ou confirmés parmi le personnel médical.
Les équipes n'offrent plus que des soins palliatifs
La situation sur place est désormais hors de contrôle. Débordées, les équipes de MSF ne peuvent plus offrir que des soins palliatifs. « Chaque jour, nous devons refuser des malades parce que notre centre est plein, décrit Stefan Liljegren, coordinateur MSF à ELWA 3 A Monrovia (capitale du Libéria). J'ai dû dire aux ambulanciers de m'appeler avant de transporter les patients, quel que soit leur état de santé, car souvent nous ne pouvons pas les accueillir ».
Enfin, celle-ci a aussi alerté sur un autre problème, celui de la gestion des corps décédés qui sont en plus contagieux. Selon elle, des centres de triage doivent également être mis en place. « Les dispositifs de gestion des cadavres doivent être développés, des articles d'hygiène doivent être distribués à large échelle, et les capacités de surveillance active doivent être augmentées », a-t-elle précisé.
Le temps des réunions est fini
« L’horloge tourne et le virus Ebola est en train de gagner, a averti le Dr Liu. Le temps des réunions et de la planification est fini. Il est maintenant temps d'agir. Chaque jour d'inaction entraîne plus de décès et le lent effondrement des pays touchés », conclut-elle.
Pour rappel, selon le dernier rapport de l’OMS, 1 552 décès ont été recensés des suites de la maladie. 3 069 cas suspectés et avérés ont aussi été enregistrés depuis le début de l'épidémie.