Antiviral contre la grippe
Ebola : 20 000 personnes pourraient bénéficier d'un traitement japonais
Ce lundi, le Japon s'est dit prêt à fournir un traitement expérimental mis au point par une entreprise nippone pour lutter contre le virus Ebola. Il s'agit d'un antiviral connu, déjà utilisé contre la grippe.
Récemment, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a approuvé l'utilisation de médicaments non homologués pour lutter contre l'épidémie de fièvre hémorragique liée au virus Ebola qui sévit actuellement en Afrique de l'Ouest. Des traitements dont l'efficacité, ainsi que les effets secondaires, ne sont pas connus. A ce titre, le Japon s'est dit prêt ce lundi à fournir un traitement expérimental.
Un antiviral contre la grippe
« Notre pays est disposé à livrer le médicament en coopération avec le fabricant si l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en fait la demande », a déclaré le secrétaire général du gouvernement, Yoshihide Suga, dans des propos rapportés par l'Agence France Presse (AFP).
Ce médicament japonais, le favipiravir (ou « T-705 »), est commercialisé sous le nom Avigan par Toyama Chemical, filiale du spécialiste des techniques de l'image FujiFilm Holdings. Par rapport au ZMapp, il présente l'avantage d'avoir été homologué en mars au Japon en tant qu'antiviral contre la grippe. Ce traitement présente un autre avantage, celui de son administration, sous forme de comprimés. Un mode qui peut faciliter le traitement dans des zones aux infrastructures médicales limitées. « Avant même que l'OMS ne prenne une décision, nous sommes prêts à répondre aux demandes individuelles (de travailleurs médicaux) sous certains conditions s'il s'agit d'un cas urgent », a souligné Yoshihide Suga.
Un produit en phase de tests cliniques
Interrogé il y a quelques jours par pourquoidocteur sur ce traitement, le Dr Eric Leroy, Directeur de Recherche à l’IRD (1) confiait que « comme les autres traitements expérimentaux, c'est une piste intéressante. Il agit contre une enzyme spécifique qui permet au virus Ebola de se multiplier. Mais avec ce produit là, on est très loin d'une homologation officielle et d'une efficacité comme il l'a déjà démontré contre la grippe ou pour d'autres virus.
Ce produit n'a même pas été testé chez le primate. Le seul test a été fait in vitro (sur des lignées cellulaires) et chez un modèle de souris qu'on avait préalablement rendu déficientes en récepteur à interféron. Bref des souris "spéciales". Mais dans ces tests, les chercheurs ont noté une "efficacité". On est cependant encore très loin d'une expérimentation chez l'homme », pensait-il. Sauf qu'à l'heure actuelle, le produit est en phase de tests cliniques aux Etats-Unis, a annoncé l'entreprise japonaise.
Des réserves pour plus de 20 000 personnes
Contacté par l'AFP, le groupe japonais, connu pour ses appareils photo mais qui a aussi une activité importante dans le domaine médical (radiographie et endoscopie notamment), a indiqué avoir reçu des demandes de l'étranger, sans préciser combien ni de quels pays. « Nous avons des réserves suffisantes pour plus de 20 000 personnes », a ajouté un porte-parole. Le groupe a déjà annoncé qu'il pourrait en préparer davantage par la suite.
Pour rappel, il n'existe actuellement aucun vaccin ou antiviral homologué contre le virus Ebola, qui figure parmi les plus contagieux et mortels chez l'homme dont il peut provoquer la mort en quelques jours.
Au 20 août, le bilan s'élevaient à 1427 décès, sur 2615 cas recensés. Le Libéria est le pays le plus touché, avec 624 morts depuis le début de l'épidémie. Mais le bilan n'est pas très positif non plus en Guinée (406 décès), en Sierra Leone (392 décès) et même au Nigéria (5 décès), pays touché plus tardivement. Selon l'OMS, il faudra 6 à 9 mois « d'efforts acharnés » pour contrôler l'épidémie
(1) Au sein de l’unité mixte de recherche "Maladies infectieuses et vecteurs : écologie, génétique, évolution et contrôle"