Rapport interministériel
Appels d'urgence : les sorties des secouristes devront diminuer
Un nouveau rapport fustige l'augmentation du nombres d'appels d'urgences depuis 2008. Pour réduire les coûts, il préconise de revoir les motifs d'intervention.
Trop d'interventions injustifiées des secours français, telles sont les conclusions d'un nouveau rapport interministériel, commandé par les ministères de la Santé et de l'Intérieur. Celui-ci étudie les différentes formes de réponses apportées aux appels d'urgence depuis l'application du « référentiel d'organisation du secours à la personne et de l'aide médicale urgente », qui régit les procédures d'appel au 15 et au 18 en France. Résultat : dans le cadre des 10 milliards d'économie demandées aux collectivités territoriales d'ici 2017, les services des secours devront rationaliser leurs coûts et réduire le nombre d'interventions.
Une inflation des appels
Une tâche d'autant plus délicate que depuis 2008, le nombre d'appels d'urgence n'a cessé d'augmenter. Entre 2008 et 2012, le 15 a enregistré une hausse de 28 %, avec 21 millions d'appels annuels reçus. Pour le 18, cette augmentation est moins marquée (+14,3 %) mais correspond à 24 millions d'appels par an. Le rapport propose donc une réduction des motifs de sortie des ambulances et des pompiers pour faire face à cette inflation d'appels, sans exploser le budget.
Deux pistes sont avancées par le rapport : d'abord, revoir à la baisse le nombre de « départs réflexe », engagés par les pompiers pour apporter un secours immédiat aux victimes, sans passer par le SAMU. Normalement, celui-ci, en tant que régulateur médical, s'occupe d'allouer les moyens et de décider des interventions. Les sorties de camions de pompiers lors de ce type de départ sont pointées du doigt car coûteuses et parfois non nécessaires, dans le cas de certaines urgences.
Responsabiliser les "secourus"
Dans un deuxième temps, c'est sur le public que le rapport préconise d'agir, en lançant une campagne de sensibilisation en 2015, pour mieux expliquer l'utilisation des numéros d'urgence. Car, selon les auteurs, un service d'urgence de qualité est certes de la responsabilité des secouristes, mais aussi des « secourus », qui doivent apprendre à repérer les situations qui nécessitent une aide.
Ces conclusions inquiètent les professionnels de la santé, qui craignent qu'à force d'être encouragés à limiter les interventions et à rationaliser les coûts, la santé des Français et la qualité des services d'urgences en pâtissent. Pour le Dr Patrick Pelloux, président de l'association des médecins urgentistes de France, le rapport soulève de faux problèmes. Remettre en cause les départs réflexe ne serait pas responsable, dans la mesure où plusieus situations d'urgence ne sont déjà pas prises en compte, comme par exemple dans le cas d'un AVC.
Ce rapport est donc le dernier en date d'une longue série de préconisations au secteur de la santé, qui divisent, alors que la pression pour réduire les coûts, s'intensifie.