Une pétition signée par 700 navigants

Ebola : le personnel d'Air France a-t-il raison d'avoir peur ?

Le virus Ebola inquiète les hôtesses de l'air et stewards des vols en direction des pays touchés. Chez Air France, on assure que le risque de contamination est quasi-nul grâce aux mesures de sécurité. 

  • Par Bruno Martrette
  • SIP/SIPA
  • 21 Aoû 2014
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    C'est une grosse frayeur qu'ont connu ce jeudi les passagers du vol Paris-Montpellier. Une équipe d'urgence du Samu est en effet intervenue à bord d'un avion qui a atterri à l'aéroport de Montpellier (34) suite aux malaises et aux vomissements de deux passagers de retour du Nigéria et du Burkina Faso. Pourtant, après auscultation, aucun signe de fièvre n'a été constaté, et les autorités sanitaires ont conclu à une fausse alerte.
    Un incident qui va sûrement ranimer l'inquiétude de plusieurs équipages et personnels navigants d'Air France. A ce jour, entre 700-800 hôtesses de l'air et stewards (PNC) de cette compagnie aérienne ont déjà manifesté, dans une pétition, leur volonté de ne plus participer aux vols à destination des pays touchés (Conakry, Lagos et Freetown), par peur d'attraper le virus.

    Une pédagogie intense auprès des personnels navigants 

    « La poursuite des vols sur ces destinations est une mise en danger grave des personnels navigants de la compagnie, et au-delà du risque sanitaire, cette situation présente un facteur de stress important pouvant nuire à la qualité de la tache sécurité des PNC, ainsi qu’un risque psycho-social avéré pour notre population », est-il écrit dans le texte du Syndicat National du Groupe Air France (SNGAF).

    Contacté par pourquoidocteur, le Dr Vincent Feuillie, responsable de la Médecine Passagers-Air France, indique qu'il comprend « parfaitement » cette inquiétude. Pour rassurer le personnel d'équipe à bord, il affirme qu'Air France a pris en compte dès le début de l'épidémie (fin du mois de mars) cette question de la sécurité des PNC.
    « D'une part, nous avons agi au niveau de la communication. Tous les équipages qui partent sur les vols vers des destinations où il y a du virus Ebola reçoivent une information préalable, sous forme de documentation papier. Celle-ci comprend des questions-réponses sur le pourquoi de la maladie : Comment ça s'attrape, ou quelles sont les précautions à prendre. Par ailleurs, il y a des indications sur l'attitude à avoir vis-à-vis des passagers suspects. »

    Ecoutez le Dr Vincent Feuillie, responsable de la médecine Passagers- Air France : « Nos équipes médicales sont en contact permanent avec les équipages. Les PNC ont des réunions de briefing avant le vol avec la présence d'un médecin ou... »


    Un contrôle avant l'embarquement
    En amont de cela, Air France affirme aussi avoir élaboré avec les autorités sanitaires des pays touchés les moyens de contrôler les passagers. Par exemple, celles de Guinée-Conakry ont très rapidement mis en place (au mois d'avril) un contrôle sanitaire à destination des patients. Celui-ci se déroule en deux étapes : une prise de température du voyageur et la remise d'un questionnaire très ciblé sur le virus Ebola à tous passagers.
    « Les personnes qui volent sur Air France ne peuvent pas embarquer sur notre compagnie aérienne s'ils ne remettent pas en échange ce questionnaire avec leur température qui figure dessus », martèle le médecin d'Air-France.

    De son côté, le Pr Jean-Paul Stahl, infectiologue au CHU de Grenoble (38), souligne que « même si le virus est très contagieux il l'est uniquement dans certaines circonstances. Pour être contaminé, il faut toucher le sang, les urines, ou la sueur d'un malade. Une contamination sexuelle existe également. Mais il n'y a pas de contamination aérienne. Par rapport à la grippe par exemple, ça n'a rien à voir en termes de contagion. Le virus Ebola est considérablement inférieur », rajoute-t-il.
    Enfin, le Dr Vincent Feuillie note que lors de la période d'incubation du virus Ebola (2 à 21 jours), le patient n'est pas contagieux.

    Ecoutez le Dr Vincent Feuillie : « Il y a un temps de latence avant de tomber malade. Pendant ce temps où il n'y a pas de symptômes, en aucun cas, la personne contaminée ne peut transmettre le virus. »


    Des mesures d'isolement drastiques dans l'avion existent
    Toutefois, dans l'hypothèse où un passager devenait fébrile durant le vol, le Dr Vincent Feuillie indique que l'équipe à bord doit isoler dans la mesure du possible le passager en lui faisant porter un masque. Elle lui indique aussi des toilettes où il peut s'isoler. Le personnel navigant prévient le SAMU en France qui sera présent au moment de l'atterrissage.
    Enfin, les hôtesses et stewards disposent de protection vis-à-vis du cas suspect : gants, masque, et une solution hydro-alcoolique pour se protéger. Mais pour le Dr Feuillie, cette hypothèse est « hautement improbable. C'est quasi-impossible qu'un malade contamine un personnel naviguant », dit-il avec persistance. Par ailleurs, précise-t-il, « Air France ne contraint pas un navigant à prendre ces vols. Si tel est son choix, son poste dans notre entreprise n'est pas menacé. »
    Pour rappel, après la compagnie Emirates, British Airways a annoncé début août la suspension de ses vols vers le Liberia et la Sierra Leone au moins jusqu’au 31 août.

    Ecoutez le Dr Vincent Feuillie : « Dès qu'on identifie un passager suspect, immédiatement, on l'isole. Les navigants ne font aucun soin supplémentaire sur lui ! »





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