611 personnes entre 2008 et 2012
Suicide assisté : la Suisse attire les étrangers
Une étude recense le nombre d'étrangers ayant eu recours à l'aide au suicide en Suisse entre 2008 et 2012. Parmi eux, on compte 66 français dont une majorité de femmes.
La Suisse est réputée pour ses lacs, son chocolat et ses paradis fiscaux. Mais depuis quelques années, on y vient aussi pour mettre fin à ses jours. En effet, une étude suisse récemment publiée dans le Journal of Medical Ethics indique qu’en l’espace de deux ans, plus de 600 personnes venues du monde entier se sont rendues dans ce pays pour avoir recours au suicide assisté.
La France en troisième place
Réalisée par des chercheurs de l’université de Zurich, l’étude recense 611 personnes originaires de 31 pays du monde, toutes décédées par la pratique du suicide médicalement assisté entre 2008 et 2012. Agées entre 23 et 97 ans, la majorité d’entre elles sont des femmes (58,5 %). Les dossiers étudiés ont révélé que ces individus étaient principalement atteints de maladies neurologiques (47 %) ou de cancers (37 %).
Il ya quelques jours, Nicole Boucheton, vice-présidente de l'Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD) décidait de « s'exiler en Suisse » pour mettre un terme à son calvaire. Atteinte d'un cancer du rectum, elle ne supportait pas l'idée de supporter des traitements et une chirurgie « dans des conditions dégradées et inacceptables ».
Comme elle, 66 Français ont franchi la frontière entre 2008 et 2012. L’Hexagone arrive ainsi en 3ème place, derrière l’Allemagne (268 cas) et le Royaume-Uni (128 cas) et devant l’Italie (44 cas.) Les auteurs de l’étude expliquent cette répartition géographique par la proximité des frontières et les lois en vigueur dans chaque pays. En France par exemple, le suicide assisté a crée beaucoup de polémiques et n’est à ce jour toujours pas autorisé. Mais les chercheurs indiquent un changement progressif dans les pays concernés « Le grand public se rend compte lentement qu'il est plutôt gênant intellectuellement, mais aussi moralement, de laisser un autre pays faire le sale boulot à sa place », note le Dr Charles Foster, de l'université d'Oxford.
Vieux débat de société
Le suicide assisté (à ne pas confondre avec l'euthanasie) désigne un processus où le médecin fournit au patient des substances qui l'aideront à abréger ses souffrances, mais en le laissant effectuer le geste final. La Belgique, le Luxembourg, les Pays-Bas et la Suisse sont les seuls pays d’Europe à autoriser cette pratique. Le sujet a notamment fait l’objet de nombreux débats et des tolérances ont été observées dans les pays européens l’interdisant ces dernières années.
En 2012, le ministère de la Justice britannique a émis des recommandations rendant improbables les poursuites dans le cas où un proche a aidé un patient à se suicider par compassion. La même année en France, un rapport remis par le Pr Didier Sicard au président de la République François Hollande a évoqué la possibilité d'une légalisation « comme recours ultime pour les patients en phase terminale d'une maladie incurable.» Mais on est encore loin d'une légalisation de la pratique.