Rapport du Haut Conseil de la santé publique
Amiante : plus de 70 000 décès par cancer attendus en France d'ici 2050
L'amiante pourrait entraîner entre 68 000 et 100 000 décès par cancer en France. Le rapport du Haut Conseil de la santé publique propose d'abaisser le seuil de déclenchement des travaux.
Interdit en France depuis 1997, l’amiante reste pourtant présent dans de nombreux bâtiments et équipements. Résultat, cette fibre minérale naturelle dangereuse, massivement utilisée pendant plus d’un siècle, pourrait entraîner entre 68 000 et 100 000 décès par cancer en France de 2009 à 2050. C'est ce que révèle le dernier rapport du Haut Conseil de la santé publique (HCSP) publié il y a quelques jours.
Amiante : jusqu'à 118 400 décès entre 1955-2009
Ce document de 109 pages a été rédigé dans le cadre de la refonte de la partie réglementaire du Code de la santé publique relative à l’amiante. Pour rappel, le HCSP avait été saisi en 2010 sur la définition d’un nouveau seuil de déclenchement des travaux de retrait ou de confinement de matériaux amiantés.
Première conclusion du Haut Conseil, « au total, sur la période 1955-2009, le nombre de décès attribuable à une exposition à l’amiante serait compris entre 61 300 et 118 400 (exposition professionnelle uniquement pour le cancer du poumon, tout type d’exposition pour le mésothéliome). »
Concernant l’estimation du nombre de décès attendu entre 2009 et 2050 liés à l’exposition à l’amiante, elle se répartit de la façon suivante. Entre 50-75 000 décès pour les cancers du poumon, auxquels s’ajoutent de 18 à 25 000 dus au mésothéliome, sans compter d’autres cancers tels que ceux du larynx ou des ovaires pour lesquels la responsabilité de l’amiante a été confirmée par le Circ en 2009.
17 % des maladies avec incapacité permanente
Par ailleurs, le HSCP rappelle que les affections dues à l’inhalation de poussières d’amiante constituent 9 % des maladies professionnelles avec arrêt reconnues en 2011. Pour 89 % des maladies de l’amiante ayant donné lieu à un arrêt de travail, il y a reconnaissance d’une incapacité permanente, contre 45 % en moyenne pour l’ensemble des maladies professionnelles, de sorte que les seules maladies dues à l’amiante représentent 17 % des maladies avec incapacité permanente.
Résultat, en 2012, depuis la création du fonds d'indemnisation des victimes de l'amiante (Fiva), 76 350 victimes ont déposé un dossier de demande d’indemnisation et 90 899 autres demandes (ayants droit, indemnisations complémentaires suite à une aggravation), ont été enregistrées. Ainsi, les dépenses d’indemnisation cumulées depuis 2002 atteignent un montant total de 3,523 milliards d’euros. En 2012, les dépenses d’indemnisation s’élèvent à 386,7 millions d’euros (353,4 millions en 2011).
Améliorer le repérage, abaisser le seuil de déclenchement des travaux
Enfin, le HCSP rappelle que la loi fixe les modalités de réalisation des différentes missions de repérage des matériaux et produits contenant de l'amiante dans les immeubles bâtis. Cependant, ces repérages, (...), « ne sont pas suffisants pour éviter l’exposition des populations lorsque des interventions de toute nature sont réalisées sur des composants du bâtiment, tant par les occupants eux-mêmes que par des entreprises. » « La faute à des disparités sur la qualité des repérages », précise le Haut Conseil.
Le HCSP recommande « fortement », et « dans les plus brefs délais », l’application des mesures portant sur les pratiques de repérage et mesurage, de mise en œuvre des travaux, de gestion des déchets amiantés et des situations d’exposition d’origine environnementale.
Par ailleurs, cette instance d'expertise plaide pour un « abaissement du seuil de déclenchement de travaux » et pour l'instauration d'un « seuil unique » Cett valeur de 2 f/L serait applicable au 1 janvier 2020. Elle devrait conduire à « une augmentation du nombre de ces travaux », conclut le HCSP.