Blocage du système immunitaire
Ebola : des chercheurs découvrent pourquoi il est si mortel
Des chercheurs viennent de découvrir comment la protéine virale Ebola bloque le système immunitaire dans un premier temps, et l'affole ensuite. Un mécanisme utile pour mettre au point de futurs médicaments.
Les chercheurs sont lancés dans une course folle pour découvrir un traitement ou un vaccin contre le virus Ebola. Alors que l’épidémie de fièvre hémorragique qui sévit actuellement en Afrique de l’Ouest a fait plus de 1000 morts, des traitements non homologués sont actuellement administrés chez certains malades. Mais pour parvenir à trouver un traitement sûr et efficace, il faut aussi apprendre à mieux connaître le virus Ebola. Une étude qui vient de paraître dans la revue Cell Host & Microbe permet d’affiner son portrait.
Le système immunitaire ne se défend pas
Des chercheurs de l’université de Saint-Louis en collaboration avec une équipe du Mount Sinaï et de l’université du Texas viennent de montrer comment le virus bloque très rapidement le système immunitaire.
Concrètement, l’une des premières réactions d’un organisme confronté à une infection virale est de libérer des protéines appelées des interférons, qui ont pour mission d’amplifier la réponse immunitaire et donc de se battre contre l’agresseur.
« Notre étude est la première à montrer comment la production par le virus de la protéine Ebola 24, la VP 24, arrête les signaux envoyés par les interférons, qui sont des molécules clés pour activer une réponse précoce de l’organisme au virus Ebola », explique Christopher F. Basler, auteur de l’étude et professeur de microbiologie à l’école de Médecine de Mount Sinaï. Du coup, le virus peut se développer en grande quantité, ce qui ensuite déclenche une réponse trop importante du système immunitaire qui endommage les organes et conduit souvent à la mort.
« Nous savons depuis longtemps que l'infection par le virus Ebola obstrue un bras important dans notre système immunitaire qui est activé par des molécules appelées interférons », a déclaré l'auteur principal Gaya Amarasinghe, professeur adjoint de pathologie et d'immunologie à la faculté de l'Université de Washington Médecine à St. Louis. « Mais, en déterminant la structure de la protéine virale formant un complexe avec un transporteur cellulaire, nous avons appris comment Ebola fait cela. »
Sur la piste d'un anticorps contre Ebola
Ces nouvelles données servent déjà à mener des travaux pour la mise au point d’un médicament, mais ces recherches sont encore très préliminaires. Pour le Dr Basler, il pourrait être envisageable de mettre au point un anticorps ou une molécule qui interférerait avec la protéine virale d’Ebola. Le traitement par interféron des malades de l’hépatite C pourrait par exemple être utile contre Ebola. « Nous percevons l’urgence de la situation, a déclaré le Dr Basler, mais nous devons encore mener des recherches pour mettre au point des médicaments sûrs, efficaces et prêts à l’emploi pour de futures épidémies ».