Auteur de la loi sur la fin de vie
Procès Bonnemaison : Le Dr Leonetti condamne l'acte, pas l'homme
Le député UMP, auteur de la loi sur la fin de vie, a reconu que le Dr Bonnemaison avait commis une faute mais a refusé de le qualifier d'assassin.
Son témoignage était l’un des plus attendus du procès. L’ancien député UMP, à l’origine de la loi sur la fin de vie, s’est rendu à la barre ce mardi pour exprimer sa position sur le cas Bonnemaison, l’ancien urgentiste accusé d'avoir empoisonné sept personnes en fin de vie. Loin de défendre bec et ongles sa propre loi, le député a tenu un discours surprenant, très nuancé. Quitte à admettre les limites de la législation.
« C'est une souffrance de voir là un médecin qui, j'en suis sûr, en toute bonne foi, a fait ce qu'il pensait devoir faire ». Le député, cardiologue de formation, a refusé de condamner son collègue, qui encourt la prison à perpétuité. « J'ai le sentiment que le docteur Bonnemaison n'est pas un assassin » a-t-il expliqué, tout en concédant que l’urgentiste de Toulouse s’était rendu coupable d’une faute, notamment en décidant seul de mettre un terme à la vie de ses patients. « La collégialité n'est pas un vote, c'est un dialogue permanent. Si on fait ça tout seul, un jour, on prend la mauvaise décision ».
Médecins tout-puissants
Malgré un discours très mesuré, Jean Leonetti n’a pas légitimé à proprement parler les actes de Nicolas Bonnemaison, qui a choisi « l'illégalité ». Il a au contraire soulevé une pratique de la médecine obsolète, qui, selon lui, ne doit plus avoir lieu. Une médecine qui a « du mal à résister à sa toute-puissance », exercée de manière solitaire, à une époque où les soins palliatifs étaient rares. « Aujourd'hui, la médecine a changé », a-t-il affirmé.
A travers son témoignage, Jean Leonetti démontre, une fois de plus, toute la complexité du débat sur l’euthanasie. Pour le député, « la qualité de vie prime sur la durée de la vie ». Mais la loi ne permet pas, en l’état, de répondre à certaines situations. «On manque d'éléments objectifs pour savoir à quelles doses donner l'antalgique», a-t-il confirmé. Il le sait : les décisions du procès Bonnemaison « marqueront » et feront certainement évoluer une loi encore trop elliptique.