Diabétologie
Diabète de type 1 d'apparition récente : préserver les cellules bêta pancréatiques restantes
Le vérapamil pourrait partiellement préserver la sécrétion d’insuline résiduelle chez les enfants et adolescents atteints de diabète de type 1 nouvellement diagnostiqués. Reste à savoir à quoi l’associer pour mieux préserver la fonction des cellules bêta pancréatiques.
- burcu saritas/istock
Malgré les progrès dans l'administration de l'insuline et les technologies d’autosurveillance de la glycémie, il reste difficile pour les patients diabétiques de type 1 d'obtenir un contrôle glycémique optimal sur 24 heures, contrôle strict nécessaire pour prévenir les complications à long terme associées à la maladie.
Après des décennies d'études, plusieurs agents immunomodulateurs se sont révélés capables de préserver une partie de la fonction des cellules bêta dans le diabète de type 1 d'apparition récente, notamment la ciclosporine, le teplizumab, les anti-TNF, l'abatacept, l'alefacept, le rituximab, le golimumab, la globuline antithymocytaire à faible dose et l'association de l'anticorps monoclonal anti-IL-21 avec le liraglutide.
Cependant, comme ces immunomodulateurs n'ont que partiellement réussi à préserver la fonction des cellules bêta, les chercheurs s'intéressent de plus en plus à la protection des cellules bêta par d'autres mécanismes. Le vérapamil par voie orale et la réduction des hyperglycémies sont deux approches susceptibles d'avoir des effets directs sur les cellules bêta dans des études préliminaires.
Prévention du diabète de type 1 : intérêt et innocuité du vérapamil
Le vérapamil est un inhibiteur calcique utilisé comme antihypertenseur depuis de nombreuses années. Chez la souris, le vérapamil réduit l'expression d'un régulateur redox cellulaire qui augmente l'apoptose des cellules bêta et la mort cellulaire induite par la glucotoxicité. L'hyperglycémie induit une surexpression de ce régulateur, mais une réduction de son expression protègerait donc les cellules bêta contre le stress oxydatif, la glucotoxicité et l'apoptose. Une petite étude menée chez des adultes atteints de diabète de type 1 d'apparition récente a montré que le vérapamil préservait modestement la sécrétion endogène d'insuline.
Un essai clinique multicentrique et randomisé versus placebo, publié dans le JAMA, a testé l'effet du vérapamil oral et d'un contrôle glycémique optimal sur la fonction des cellules bêta chez des enfants et des adolescents, dans le mois suivant le diagnostic de diabète de type 1. Le critère principal était l'aire sous la courbe du taux de peptide C, la mesure de référence de la fonction des cellules bêta, après un repas standardisé à 52 semaines.
Le traitement par le vérapamil entraîne une augmentation de 30% de la sécrétion de peptide C par rapport au placebo, de sorte que le vérapamil retarderait le déclin attendu de la production de peptide C de 3 à 6 mois après le diagnostic de diabète de type 1.
Prévention du diabète de type 1 : le contrôle strict de la glycémie ne suffit pas
La deuxième étude d’intervention, publiée également dans le JAMA, a porté sur l'effet d'un contrôle optimal de la glycémie avec une boucle fermée, versus autosurveillance en continu de la glycémie, en testant l'hypothèse selon laquelle le fait d'éviter la glucotoxicité permettrait de préserver la production endogène d'insuline résiduelle.
Le temps moyen passé dans l'intervalle cible de 70 à 180 mg/dL, mesuré à l'aide d'une surveillance continue de la glycémie, après 52 semaines, est de 78% avec la prise en charge intensive, qui comprenait l'administration automatisée d'insuline, par rapport à 64% avec les soins standard, mais adaptés selon une surveillance continue de la glycémie.
La prise en charge intensive du diabète avec administration automatisée d'insuline n'a cependant pas modifié la cinétique de déclin de la sécrétion pancréatique de peptide C à 52 semaines chez les enfants atteints de diabète de type 1 nouvellement diagnostiqué.
Prévention du diabète de type 1 : à quoi peut-on associer le vérapamil ?
En conclusion, selon un éditorial associé, ces études fournissent des preuves que le vérapamil oral associé à un contrôle optimal de la glycémie peut permettre de préserver la fonction des cellules bêta dans le diabète de type 1 d'apparition récente, en particulier chez les enfants et les adolescents, mais pas le contrôle optimal de la glycémie seul.
Le vérapamil permettrait une augmentation modeste de 30% de la production d'insuline endogène par rapport au placebo, ce qui le situe à peu près au milieu de la fourchette des augmentations de la sécrétion de peptide C à un an qui sont rapportées avec les agents immunomodulateurs dans ce contexte de diabète de type 1 d’apparition récente.
La démonstration de l'innocuité et de la préservation partielle de la sécrétion de peptide C chez les enfants et adolescents atteints de diabète de type 1 d'apparition récente par le vérapamil plaide en faveur d'autres étude associant cette molécule avec d'autres agents efficaces aux stades précoces du diabète de type 1, avant l'apparition d'une dépendance à l'insuline.