Onco-Dermato
Kératose Actinique : l’intérêt de la surveillance après traitement
La prévalence des kératoses actiniques (KA), lésions signant une exposition solaire chronique, est estimée entre 11 et 60 % et son traitement vise à prévenir le carcinome épidermoïde cutané (CEC). Il existe peu de preuves que traiter une KA diminue le risque d’évolution vers un CEC invasif.
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Une étude cherche à évaluer ce risque et en déterminer les facteurs favorisants. Cette étude publiée dans le JAMA Dermatology est une analyse secondaire d’un essai clinique randomisé multicentrique (NCT02281682) qui propose d’évaluer le risque de CEC invasif après traitement de la KA ainsi que les facteurs qui peuvent contribuer à l'augmentation de ce risque chez les patients présentant plusieurs kératoses actiniques.
Kératoses actiniques sévères : un surrisque de CE
Dans cette cohorte, 624 patients (âge médian de 73 ans [48 ; 94 ans]), présentant au moins 5 kératoses actiniques sur la tête ont été recrutés puis randomisés pour recevoir un des 4 traitements : crème au fluorouracile 5 % administrée 2 fois par jour pendant 4 semaines, crème d'imiquimod 5 % administrée 3 jours par semaine pendant 4 semaines, de la thérapie photodynamique (PDT) au méthylaminolévulinate (diode électroluminescente pendant 7,23 minutes, puis pansement occlusif pendant 24 heures), ou du gel de mébutate d'ingenol à 0,015 %.
Seuls 26 patients sur 624 ont présenté un CEC invasif histologiquement prouvé dans la zone traitée au cours du suivi, et parmi eux, 18 sur des lésions préexistantes. Pour les patients atteints de kératoses actiniques sévères (grade III selon Olsen), le risque de développer un CEC était de 20,9 %. Le risque était particulièrement élevé s’il y avait besoin d'un traitement supplémentaire (33,5 %, [18,2 %-56,3 %]).
Traitement préalable au fluorouacile topique : pas de diminution du risque de CE avérée
Le risque à 4 ans de développer un CEC dans une zone de KA déjà traitée était de 3,7 % variant de 2,2 % (IC 95 %, 0,7 % - 6,6 %) chez les patients traités au fluorouracile à 5,8 % chez les patients traités par l'imiquimod. Cependant, aucun hazard ratio n’est statistiquement significatif et environ 25 % des patients traités par imiquimod ont reçu un traitement supplémentaire, principalement du fluorouracil.
Ce pourcentage était nettement supérieur dans les autres groupes. Les résultats de cette étude ne permettent pas de conclure sur une efficacité supérieure du fluorouracile. Il n’y avait pas de surrisque de CEC avec l’utilisation du mébutate d'ingénol alors que son utilisation est actuellement suspendue par l’Agence Européenne des Médicaments (EMA).
Un besoin de suivi dermatologique après traitement
Le risque de CE invasif est plus élevé chez les patients atteints de KA sévères qui avaient besoin d'un traitement supplémentaire, et chez les patients présentant une KA de grade III selon la classification d'Olsen. Ces patients doivent bénéficier d’un suivi dermatologique étroit après le traitement pour diagnostiquer le plus précocement possible un CE invasif.