Le recrutement biquotidien des volumes pulmonaires dans la dystrophie musculaire de Duchenne a fait l’objet d’une étude randomisée sur deux ans. Cette manœuvre est recommandée dans la prise en charge de la maladie mais, à raison de deux fois par jour, la contrainte apparaît supérieure au bénéfice, même s’il existe.

Une étude, dont les résultats sont parus dans Thorax, en avril 2022, a cherché à évaluer si le recrutement des volumes pulmonaires de manière biquotidienne pouvait améliorer la prise en charge de patients atteints de la dystrophie musculaire de Duchenne. Il s’agit d’une étude randomisée multicentrique, qui a duré deux ans, au cours de laquelle les auteurs ont inclus 66 garçons, âgés de 6 à 16 ans, atteints de la myopathie de Duchenne, avec une capacité vitale forcée supérieure ou égale à 30%. Trente-six d’entre eux ont bénéficié d’une prise en charge avec recrutement biquotidien des volumes pulmonaires, en plus de leur traitement classique, et trente d’entre eux, appartenant au groupe témoin, n’ont bénéficié que de leur traitement habituel. Les auteurs ont observé le pourcentage de capacité vitale forcée en fonction de la capacité vitale de base, de l’âge et de l’état du patient. Les critères de jugements secondaires étaient la distensibilité de la paroi thoracique (calculé comme la capacité inspiratoire maximale moins la capacité vitale forcée) et le débit de toux maximal.

Un fardeau plus lourd que le bénéfice

Les résultats de ces travaux ont montré qu’il existait un léger bénéfice du recrutement biquotidien des volumes pulmonaires, en matière de capacité vitale forcée, au bout de eux ans. Cependant, il n’a pas été observé de bénéfice sur les critères de jugements secondaires. Le caractère contraignant d’une prise en charge par manœuvres manuelles biquotidienne semble donc prendre le dessus sur le bénéfice attendu. La qualité de vie des patients atteints de la dystrophie musculaire de Duchenne doit largement être prise en compte dans l’élaboration du schéma thérapeutique et une intervention manuelle biquotidienne dont le bénéfice n’est pas majeur peut très fortement altérer le quotidien, déjà très difficile, de ces patients.

Peut-être intéressant dans les cas les plus sévères

Si la contrainte semble plus importante que le bénéfice lors de l’utilisation biquotidienne du recrutement des volumes pulmonaires chez des patients atteints de la dystrophie musculaire de Duchenne ayant une fonction pulmonaire relativement conservée, il faut néanmoins envisager que cette prise en charge thérapeutique soit acceptable chez les patients ayant une fonction pulmonaire plus altérée. En effet, la balance bénéfice/contrainte pourrait alors s’inverser et cette double intervention quotidienne pourrait améliorer la qualité de vie des patients. De nouveaux travaux sont à réaliser en ce sens.

En conclusion, le recrutement biquotidien des volumes pulmonaires chez les patients atteints de la dystrophie musculaire de Duchenne, ayant une fonction pulmonaire conservée apporte plus de contraintes que de bénéfices. Toutefois, ceci reste à évaluer chez les patients ayant une fonction respiratoire plus sévèrement altérée.