Pneumologie
Déficit en alpha-1-antitrypsine : intérêt de l’analyse du génome sur demande individuelle
L’analyse du génome sur demande individuelle du grand public a des conséquence positives notamment dans le cas de la détection du déficit en alpha1-antitrypsine, trop souvent insuffisamment détectée malgré la présence de symptômes. D’après un entretien avec Jean-François MORNEX.
Un éditorial, paru en novembre 2021, dans le New England Journal of Medicine, a fait le point sur les résultats d’une étude évaluant l’intérêt de l’analyse du génome réalisé sr demande individuelle dans le dépistage de maladies génétiques, telles que le déficit en alpha1-anti-trypsine. L’analyse des variants Z a été effectuées sur un grand nombre de prélèvements et les résultats revenus positifs ont été communiqués aux sujets. L’analyse du comportement de ces sujets après avoir été informés a également été réalisée et a permis de démontrer un intérêt à la connaissance de cette anomalie génétique.
Un diagnostic, non connu malgré des symptômes
Le professeur Jean-François MORNEX, chef du service de pneumologie de l’Hôpital Louis Pradel de Lyon, explique que la démarche de l’analyse du génome sur demande individuelle est intéressante mais il rappelle que celle-ci n’est pas autorisée en France. Dans d’autres ays, des sociétés font des séries de tests ADN sur des prélèvements jugaux. Deux types de tests sont alors pratiqués : un test recherchant des informations sur les ancêtres et les origines et un test recherchant des facteurs génétiques prédisposants à certaines maladies, comme le déficit en alpha1-antitrypsine, avec la recherche du variant Z. Jean- François MORNEX souligne qu’un grand nombre de variants Z ont été retrouvés et que de nombreux sujets étaient porteurs des deux variants Z, sans connaitre leur situation alors qu’à l’interrogatoire, on s’aperçoit qu’ils ont des symptômes. Au total, 94% des sujets déficitaires n’en ont pas connaissance et 80% des patients atteints de BPCO associée au déficit en alpha1-antitrypsine ne savent pas être atteints de cette forme de BPCO.
Une maladie insuffisamment détectée
Jean-François MORNEX explique que la seconde étape, après avoir informé les sujets qu’ils sont porteurs d’un ou deux variants Z, à l’origine du déficit en alpha1-antitrypsine, est d’analyser leurs comportements. Il relève qu’un grand nombre d’entre eux a interrompu sa consommation de tabac et d’alcool après avoir été informés. Toutefois, une analyse plus précise a permis de montrer que les sujets ayant les deux variants Z arrêtaient quasiment systématiquement le tabac, ce sevrage étant beaucoup moins fréquent chez les sujets porteurs d’un seul variant Z. Jean-François MORNEX insiste donc sur le fait que la connaissance de cette anomalie génétique permet de modifier les comportements et de mieux contrôler la consommation de tabac et d’alcool et qu’elle est insuffisamment détectée. Une ouverture vers un plus grand dépistage est nécessaire, surtout quand des symptômes respiratoires sont présents.
En conclusion, le déficit en alpha1-antirypsine est encore trop peu souvent diagnostiqué et l’anomalie génétique à l’origine de cette maladie, découverte lors d’analyse de génomes sur demande individuelle, a permis de modifier des comportements dans le bon sens. Vers un dépistage plus massif du déficit en alpha1-antitrypsine?