Pneumologie
CBNPC : quelle prise en charge pour les mutations inhabituelles ?
Les mutations inhabituelles du récepteur EGF au cours des cancers bronchiques non à petites cellules sont réputées ne pas répondre aux thérapies ciblées. Point sur leur prise en charge. D’après un entretien avec Didier DEBIEUVRE.
Une étude rétrospective japonnaise, dont les résultats sont parus en décembre 2020 dans Anticancer Research, a cherché à mieux déterminer la prise en charge des cancers bonchiques non à petites cellules avec des mutations EGFR rares ou complexes. Des données ont été recueillies au sein de 15 établissements japonnais, sur une durée de 11 ans, entre avril 2008 et mars 2019. Au total , 112 mutations rares ont été relevées et 102 ont été inclues. Ces mutations ont été réparties en fonction de l’histologie, du sexe, de l’âge et des antécédents de tabagisme. L’âge médian était de 70 ans avec 51% d ’hommes et 52% de fumeurs. L’histologie était celle d’un adénocarcinome dans plus de 96% des cas.
Quid des mutations inhabituelles
Le docteur Didier DEBIEUVRE, pneumologue au Centre Hospitalier Universitaire de Mulhouse,rappelle que les mutations EGFR les plus communes sont la la déletion de l’exon 19 et la mutation L858F de l’exon 21. Celles-ci sont présentes dans 75% des cas. Toutes les autres mutations sont considérées comme inhabituelles ou rares. Didier DEBIEUVRE souligne que la présentation clinique de ces mutations rares est peu rapportée dans la littérature et qu’elles sont réputées ne pas répondre aux thérapies ciblées. Dans cette étude, les mutations rares étaient dans 75% des cas des mutations de l’exon 18, G719 et L851 de l’exon 21. Il existe des mutations encore plus rares, résistantes aux TKI. Dans 21% des cas de la cohorte analysée, il existait des mutations complexes, c’est-à-dire avec aux moins deux mutations , soit une mutation commune associée à une mutation T790M, soit deux mutations différentes.
Un bon espoir avec les TKI de quatrième génération
Didier DEBIEUVRE explique que 70 patients ont eu un traietment systémique par chimiothérapie et/ou TKI, 26 patients ont eu un traitement local par radiothérapie ou chirurgie et 6 ont eu un traitement palliatif. Sur les 70 patients ayant eu un traitement systmémique, 60 ont bénéficié de TKI. Leur survie sans progession a été de 7,1 mois, ce qui est inférieur à ce que l’on observe dans les formes de CBNPC avec mutation commune. La meilleure survie a été observée pour la mutation de l’exon 18 G719 et la moins bonne pour la mutation de l’exon 21 L851Q. Les mutations complexes, avec une mutation T790M associée, ont eu une survie globale plus longue que les formes avec mutations simples inhabituelles. De plus, Didier DEBIEUVRE souligne que les TKI de deuxième et troisième générations ont été les plus efficaces, exception faite pour la mutation de l’exon 20 dont la survie est très mauvaise et qui doit être aujourdhui traitée par chimiothérapie. Il précise donc qu’il faut privilégier les traitments par TKI pour ces formes de CBNPC et qu’un bon espoir est permis avec les nouveaux TKI de quatrième génération.
En conclusion, les mutations inhabituelles doivent bénéficier de traitements par TKI d’au moins deuxième génération. Dans un avenir proche, de nouveaux TKI seront probablement dédiés à laprise en charge de ces mutations rares.