Neurologie
Sclérose en plaques : poussées cliniques sans modification de l’IRM
Un quart de patients avec poussée de sclérose en plaques sont classé ACES (avec événements cliniques aigus avec IRM stable) dans une étude rétrospective française. Ces patients correspondraient à une population particulière de SEP.
- Dacharlie/istock
La survenue d’une poussée clinique de sclérose en plaques (SEP) n’est pas toujours concordante avec des modifications observées à l’IRM. Malheureusement, il est rarement possible d’effectuer une IRM dans les jours qui suivent la poussée et notamment avant la réalisation éventuelle d’un traitement par bolus de corticoïdes.
Cette information est d’autant plus importante qu’en dehors du traitement de l’épisode aigu cela peut entrainer un changement de traitement de fond avec escalade thérapeutique. L’objectif de ce travail français était donc d’essayer d’évaluer la concordance entre les rechutes cliniquement définies et l'activité radiologique.
Une cohorte multicentrique française
Cette étude de cohorte observationnelle multicentrique a été menée entre janvier 2015 et juin 2023. Les données ont été extraites le 8 juin 2023 du registre français de la SEP. Tous les événements cliniques signalés comme des rechutes chez les patients atteints de SEP évoluant par poussées ont été inclus si une IRM du cerveau et de la moelle épinière avait été réalisée respectivement dans les 12 et 24 mois précédant l'événement, et 50 jours après avec une injection de gadolinium.
Les événements ont été classés comme des rechutes avec IRM active (RAM) si une nouvelle lésion T2 ou une lésion T1 rehaussée de gadolinium apparaissait à l'IRM du cerveau ou de la moelle épinière, ou comme événements cliniques aigus avec IRM stable (ACES) dans le cas contraire.
Les patients atteints d'ACES et de RAM ont été comparés en ce qui concerne l'évolution de l'EDSS (Expanded Disability Status Scale), le taux de rechute, l'accumulation d'invalidité confirmée (CDA), l'aggravation associée à la rechute (RAW), la progression indépendante de l'activité de rechute (PIRA) et la transition vers une progression secondaire (SPMS). Les taux d'ACES et de RAM sous chaque traitement modificateur de la maladie (DMT) ont été estimés.
Un quart de patients ACES (avec événements cliniques aigus avec IRM stable)
Parmi 31 885 événements cliniques, 637 sur 608 patients (493 [77,4 %] de sexe féminin ; âge moyen [ET], 35,8 [10,7] ans) ont été inclus.
Les ACES ont été responsables de 166 (26,1 %) événements et étaient plus fréquents chez les patients recevant des traitements de fond de haute efficacité, chez ceux dont la maladie était d'une durée plus longue (rapport de cotes [RC], 1,04 ; IC à 95 %, 1,01-1,07) ou chez ceux présentant de la fatigue (RC, 2,14 ; IC à 95 %, 1,15-3,96). Les ACES ont été associés à des augmentations significatives du score EDSS, inférieures à celles observées pour la RAM.
Avant l'événement index, les patients atteints d'ACES avaient des taux significativement plus élevés de rechute (taux relatif [RR], 1,21; IC à 95 %, 1,01-1,46), de CDA (rapport de risque [HR], 1,54 ; IC à 95 %, 1,13-2,11) et de RAW (HR, 1,72 ; IC à 95 %, 1,20-2,45). Les patients atteints d'ACES avaient un risque significativement plus élevé de transition SP (HR, 2,58 ; IC à 95 %, 1,02-6,51). Bien que le taux de RAM ait diminué avec les DMT conformément à leur efficacité attendue, le taux d'ACES était stable avec les DMT.
Un nouveau concept clinico-radiologique
Les résultats de cette étude introduisent le concept d'ACES dans la SEP, qui représentait un quart des événements cliniques identifiés comme des rechutes dans cette étude française. Il s’agit d’une population particulière : maladie plus longue, plus fréquemment traitée par des traitements de haute efficacité et présentant une fatigue.
Des études prospectives seraient nécessaires pour confirmer ces données et définir les populations cibles qui devraient éventuellement bénéficier d’une IRM lors des poussées pour infirmer ou confirmer la présomption clinique.