Gastro-entérologie
Polypectomie : la surveillance par tests à ADN fécal pourrait réduire les coloscopies de suivi
Une étude néerlandaise suggère que l'utilisation de tests à ADN fécal annuels pourrait réduire jusqu'à 41% le nombre de coloscopies de surveillance après polypectomie, sans compromettre la détection du cancer colorectal et en réalisant des économies pour le système de santé.
- Md Ariful Islam/istock
La surveillance après polypectomie est essentielle pour prévenir l’apparition d’un cancer colorectal (CCR), mais elle implique souvent des coloscopies répétées qui peuvent être contraignantes pour les patients et coûteuses pour le système de santé. En France, la surveillance est assurée par colonoscopie et le test de dépistage par test immunologique fécal. Le test à ADN fécal n’est pas utilisé en routine.
L'étude MOCCAS (MOlecular stool testing for Colorectal CAncer Surveillance) a exploré l'utilisation de tests à ADN fécal non invasifs comme alternative pour sélectionner les patients nécessitant une coloscopie de surveillance. Menée auprès de 3 453 patients âgés de 50 à 75 ans ayant une indication de surveillance (antécédents de polypectomie, de CCR ou risque familial), l'étude a évalué un test ADN multicibles (mt-sDNA) et deux tests immunochimiques fécaux (FITs).
Les résultats, publiés dans Gastroenterology, montrent que, tout en maintenant une efficacité similaire à la coloscopie pour la détection du CCR, l'utilisation stratégique de ces tests pourrait réduire le nombre de coloscopies de 16 à 41 %. En particulier, le mt-sDNA et les FITs biennaux ou triennaux ont permis de diminuer les coloscopies de 32 %, tandis que les FITs annuels ont atteint une réduction allant jusqu'à 41%.
Choisir entre le plus efficace et le plus économique
L'analyse détaillée révèle que le test mt-sDNA surpasse les FITs en termes de détection des lésions précancéreuses avancées, notamment les polypes festonnés. Cependant, les stratégies de surveillance basées sur les FITs seraient économiquement plus avantageuses.
Par exemple, l'utilisation annuelle du FIT FOB-Gold avec un seuil de ≥32 µg/g permet une réduction de 41% des coloscopies tout en étant plus rentable que la surveillance par coloscopie standard.
Aucune différence significative en termes de tolérance n'a été observée entre les différentes méthodes de dépistage, et aucun effet indésirable majeur n'a été rapporté avec l'utilisation des tests fécaux.
Une large étude observationnelle néerlandaise
L'étude MOCCAS est une étude transversale observationnelle de grande envergure, renforçant la validité de ses conclusions. Les patients ont effectué les tests fécaux avant de subir une coloscopie, permettant une comparaison directe des résultats. De plus, un modèle mathématique validé (ASCCA) a été utilisé pour simuler l'impact à long terme des différentes stratégies de surveillance sur l'incidence et la mortalité du CCR.
Ces simulations ont montré que les stratégies basées sur les tests fécaux pourraient égaler l'efficacité de la coloscopie en termes de prévention du CCR, tout en réduisant le nombre de coloscopies inutiles. Ces données suggèrent que l'intégration des tests fécaux dans les protocoles de surveillance pourrait optimiser l'utilisation des ressources médicales et améliorer l'acceptabilité pour les patients.
Perspectives de recherche et changements de pratique
Les résultats de l'étude offrent une base solide pour envisager des essais interventionnels prospectifs afin de confirmer l'efficacité des tests fécaux en tant qu'alternative à la coloscopie de surveillance. Le paradigme proposé nécessite cependant la capacité de déployer une surveillance basée sur le FIT avec une grande variété de seuils de détection de l'hémoglobine et d'intervalles de test, en fonction du FIT spécifique choisi, avec la possibilité que ces seuils diffèrent en fonction des caractéristiques de la population et de l'épidémiologie pertinente.
Si ces résultats sont confirmés, les recommandations actuelles pourraient être révisées pour intégrer les tests fécaux dans les protocoles de surveillance post-polypectomie. Cela pourrait conduire à une réduction significative de la charge sur les services d'endoscopie et à une meilleure adhésion des patients à la surveillance, tout en maintenant un haut niveau de détection du CCR.