Gériatrie
Symptômes psychologiques et comportementaux : nouvelles recommandations dans les maladies neurocognitives
De nouvelles recommandations pour la prise en soins des symptômes psychologiques et comportementaux (agitation, anxiété, dépression, apathie, hallucinations) dans les maladies neurocognitives ont été publiées. Elles livrent de précieuses clés pour la pratique et mettent en avant l'importance et l'efficacité des approches non pharmacologiques.
- Cebas./istock
Enfin de nouvelles recommandations pour la prise en soins des Symptômes Psychologiques et Comportementaux (SPC) dans les maladies neurocognitives ! « Une réflexion colossale [...] fruit d'un travail réalisé sur plusieurs années et grâce à des centaines d'experts » souligne, dans son communiqué dédié, la Société Française de Gériatrie et Gérontologie grand soutien de ce colossal projet en partenariat avec la Fédération des Centres Mémoire (FCM) et la Société Francophone de Psychogériatrie et Psychiatrie de la Personne Agée (SF3PA).
Les SPC, agitation, anxiété, dépression, apathie, hallucinations, font partie des aspects les plus perturbateurs des maladies neurocognitives et touchent près de 90% des patients atteints. Ces nouvelles recommandations livrent de précieuses clés pratiques pour leur prise en soins, voir leur prévention, quelle que soit la maladie neurocognitive concernée (Alzheimer, démence fronto-temporale, maladie des corps de Lewy...) et le lieu de vie du patient.
De la musicothérapie plutôt que des psychotropes
Premier message fort de ces recommandations, relayé par la gériatre Pr Maria Soto via la SFGG : « l'approche non pharmacologique est la clé ». Toutes les recommandations nationales et internationales mettent en avant ce constat : « les traitements médicamenteux ne sont pas la règle dans ces prises en charge et restent en seconde ligne, du fait de leur faible efficacité, d'un niveau de preuve limité et de problèmes graves de tolérance des traitements psychotropes ».
Parmi les interventions non médicamenteuses (INM) recommandées, on retient par exemple, la musicothérapie. Différents essais et méta-analyses en ont montré l'efficacité pour réduire les SPC du stade débutant au stade plus avancé de l'ensemble des pathologies neurocognitives. L'activité physique adaptée (APA) fait également partie des interventions recommandées avec un niveau de preuve élevé pour la réduction des SPC (agitation, apathie). Que ce soit pour la musicothérapie ou l'APA, les nouvelles recommandations insistent sur la nécessité pour l'encadrant (soignant ou aidant naturel) d'être formé à ses approches.
La formation des soignants et aidants doit être au cœur de la prise en charge
Autre point essentiel de la prise en charge : la formation et l'information. Les recommandations soulignent en effet que «la formation des professionnels (en particulier en EHPAD et au domicile) et des proches aidants reste la mesure bénéficiant d'un niveau de preuve scientifique le plus élevé pour l'accompagnement des personnes vivant avec une maladie neurocognitive et la gestion des SPC (supérieurs aux INM proprement dites et des traitements pharmacologiques de type psychotropes) ».
L'objectif est double : réduire les SPC des patients mais aussi le risque d'épuisement des soignants et des aidants.
« Le risperdal n'est peut-être pas le meilleur en termes de bénéfices-risques »
On l'a bien retenu, le traitement pharmacologique ne doit pas être le cœur de la prise en soins des SPC. Mais il est bien évidemment détaillé dans les recommandations car il reste parfois nécessaire.
Qu'en retenir ? « Nous sommes entrés dans le détail des situations particulières par une approche par médicaments […]. Par exemple, jusqu'ici une seule molécule était indiquée dans les troubles du comportement : le Risperdal. Ces recommandations viennent ajuster la place de ce médicament en considérant qu'il n'est peut-être pas le meilleur en termes de bénéfices / risques » synthétise le psychiatre Dr Desmidt pour la SFGG.
Détails à lire au plus dans les nouvelles recommandations, disponibles en ligne.