Syndrome hémolytique et urémique : une infection liée à un repas

Le syndrome hémolytique et urémique (SHU) est une infection rare en France, le plus souvent d’origine alimentaire, mais potentiellement grave aux âges extrêmes de la vie. Il s’agit en effet de la principale cause d’insuffisance rénale aiguë chez les enfants de moins de trois ans.
Des mots pour les maux
Une intoxication alimentaire est un trouble digestif secondaire à l’ingestion d’un repas contaminé par une bactérie ou un virus.
Une toxi-infection est un désordre infectieux grave secondaire à l’ingestion d’un repas contaminé par une toxine d’origine bactérienne.
Un syndrome hémolytique et urémique est une infection digestive liée à certaines bactéries (E. coli entérohémorragiques) et qui entraine une anémie hémolytique, une thrombopénie, des thromboses et une insuffisance rénale
Qu'est-ce que le syndrome hémolytique et urémique ?
Une intoxication alimentaire survient lorsqu'une personne absorbe un aliment (ou une boisson) contaminé par une bactérie, un virus, un champignon… ou une toxine produite par une bactérie.
Le syndrome hémolytique et urémique (SHU) est la complication d’une toxi-infection digestive à Escherichia coli virulente, le plus souvent d’origine alimentaire. Le SHU se manifeste aux âges extrêmes de la vie, surtout chez le jeune enfant de moins de 3 ans. L’infection digestive est secondaire à une contamination alimentaire) Escherichia coli, dont certaines souches sont plus virulentes et produisent des toxines, les « shiga-toxine ». Ces bactéries sont également appelées « E. coli entérohémorragiques » ou « EHEC ».
Le syndrome hémolytique et urémique typique constitue donc une complication grave d’un épisode de diarrhée, souvent sanglante, pouvant évoluer dans 10 % des cas vers un tableau général associant un malaise, des troubles variés et un dysfonctionnement des reins.
Sur la prise de sang, on trouve une diminution des globules rouges par augmentation de leur destruction (« anémie hémolytique ») en raison des lésions sur les vaisseaux sanguins, une baisse des plaquettes (« thrombopénie ») et une insuffisance rénale aiguë (« urémie »), les 3 principales caractéristiques du SHU.
Dans certain cas, plusieurs personnes ayant consommé le même plat peuvent être malades en même temps et on parlera de « Toxi-Infection Alimentaire Commune » (TIAC), qui doit faire l’objet d’une déclaration obligatoire à l’Agence Régionale de Santé, afin d’envisager des mesures de retrait de lots d’aliments contaminés.
Dans le cadre du syndrome hémolytique et urémique de l’enfant, deux catégories d’aliments sont notamment en cause : les viandes hachées et les produits à base de lait cru.
Une petite minorité de cas ne sont pas liés à l'infection et impliquent un trouble de la régulation du complément, le système normal de la coagulation du sang, habituellement liée à une mutation des gènes qui contrôlent les facteurs du complément. Rarement également, le SHU peut être dû à des auto-anticorps acquis contre certains facteurs du complément. Enfin, des troubles congénitaux du système du complément peuvent également augmenter le risque de syndrome hémolytique-urémique après infection.
Quelles sont les causes du syndrome hémolytique et urémique ?
Les bactéries à l’origine du SHU sont certaines Escherichia coli, le plus souvent de sérotypes O157:H7, O26:H11, O103:H2, O145:H28, et O111:H8, qui produisent une toxine, la shiga-toxine, à l’origine du SHU, en plus d’une infection digestive agressive (« colite hémorragique »). Ces bactéries sont également appelées « E. coli entéro-hémorragiques » ou « EHEC ».
Les intestins des bovins sont le principal réservoir et la contamination de l’aliment provient le plus souvent d’une hygiène défectueuse lors de la l’abattage des animaux ou de la préparation ou du transport de la viande (dépassement de la date de péremption, la rupture de la chaine du froid) avec souvent une cuisson inappropriée.
Les viandes hachées constituent le risque majeur en raison d’une possible contamination à cœur par ces bactéries lors de l’opération de hachage.
Le lait cru et les produits à base de lait cru sont également impliqués, de même que de façon plus exceptionnelle, la consommation de légumes crus ou d’eau non traitée (eau de puits par exemple), qui ont pu être contaminés pas des déjections animales.
La dose infectante est très faible et les contacts directs avec des animaux contaminés ou leurs déjections peuvent également être en cause. Une transmission inter-humaine par transmission oro-fécale au sein des familles ou des collectivités est possible en cas de défaillance des mesures d’hygiène.
Avec quoi peut-on confondre une intoxication alimentaire ?
La gastro-entérite est le principal diagnostic différentiel de l’intoxication alimentaire, mais elle est due à une infection digestive bactérienne ou virale qui peut survenir en dehors même du cadre de l’alimentation et se déclenche 24 à 48 heures après le contact alors que l’intoxication alimentaire apparaît dans les heures qui suivent le repas (1 à 8 heures pour le staphylocoque, plus pour les autres bactéries).
Le « syndrome du restaurant chinois » est évoqué devant des symptômes tels qu’une tension du visage, des douleurs dans la poitrine, des sensations de brûlure dans tout le corps et de l’anxiété après avoir consommé un repas chinois. Ces symptômes peuvent être en rapport avec une réaction d’hypersensibilité au glutamate monosodique (GMS), un assaisonnement souvent utilisé dans la cuisine chinoise. Cette réaction est peu fréquente.
Quelles sont les complications du syndrome hémolytique et urémique ?
La plupart du temps, l'intoxication alimentaire est bénigne mais chez le jeune enfant et les personnes âgées fragiles, l’infection digestive à E. coli entéro-hémorragique peut-être grave (« colite hémorragique ») avec diarrhée sanglante et un syndrome hémolytique et urémique (SHU) peut se développer sur cette toxi-infection alimentaire.
De petits caillots de sang peuvent alors se former dans le corps, en raison de la dérégulation du système de la coagulation (« système du complément »), ce qui risque d’obstruer les vaisseaux sanguins et d’arrêter le flux de sang vers les organes vitaux, tels que le cerveau, le cœur et les reins, avec des manifestations variables en fonction des organes atteints.
Comment faire le diagnostic de syndrome hémolytique et urémique ?
Le SHU peut être très brutal : les enfants ont généralement d’abord des vomissements et une diarrhée, celle-ci étant souvent sanglante, ce qui doit inquiéter les parents.
Les principaux symptômes des complications du SHU sont liés aux caillots sanguins qui se forment dans les reins, entraînant des lésions généralement graves et qui évoluent souvent vers une insuffisance rénale aiguë nécessitant une dialyse. Le SHU ne provoque des symptômes cérébraux que dans un cas sur quatre.
En dehors des examens de sang qui objectivent l’anémie hémolytique et la thrombopénie (NFS-plaquettes et réticulocytes) et l’insuffisance rénale (créatininémie, HLM), ce sont des analyses spécialisées dans les laboratoires de référence qui font le diagnostic, d’où la nécessité d’une hospitalisation.
Une infection à E. coli producteurs de shiga-toxines est, en effet, confirmée par le Centre national de référence (CNR) des E. coli et Shigella ou dans les laboratoires associés au CNR, soit par mise en évidence d’anticorps dans le sang du malade ciblant l’un des huit sérogroupes des EHEC les plus fréquemment rencontrées en France (O157, O103, O26, O145, O91, O111 et O128, O55), soit par isolement de souches EHEC ou par détection par PCR de gènes codant pour les shigatoxines (stx, eae), dans les selles.
Que peut-on faire en cas d’intoxication alimentaire et de SHU ?
La diarrhée et les vomissements entraînent une perte importante d'eau et de sels minéraux. Il faut donc boire beaucoup, mais progressivement, sur la journée, par petites quantités, en alternant de l’eau avec des bouillons, ou un coca dégazéifié, qui apporteront également des sels minéraux.
Il ne faut pas prendre d’anti-diarrhéique sans avis médical car en cas de diarrhée d’origine infectieuse, cela risque de provoquer une persistance des matières fécales infectées dans l’intestin, ce qui peut conduire à l’apparition de complication infectieuses locales potentiellement graves. Il en est de même des antibiotiques, qui en cas de SHU risque d’augmenter la libération de shiga-toxine par destruction des E. coli.
En cas de crampes et de douleurs du ventre, il est possible de prendre un antispasmodique, comme du Spasfon®, ou surtout du Spasfon Lyoc® (qui n’a pas besoin d’être avalé et se dissout dans la bouche), en respectant les doses et les indications marquées sur la notice de la boîte.
En de diarrhée sanglante chez le nourrisson et de suspicion de syndrome hémolytique et urémique, la prise en charge est hospitalière avec des mesures symptomatiques. Les formes sévères peuvent nécessiter un traitement par dialyse et/ou transfusion sanguine au sein d’un service de réanimation.
L’éculizumab est un médicament qui inhibe le complément, un composant du système immunitaire. Il réduit le risque de lésions rénales si une dysrégulation du complément est impliquée, et chez certaines personnes, il peut rapidement restaurer une fonction rénale récemment altérée. Les personnes qui prennent de l’éculizumab ont un risque accru de méningite à méningocoque ce qui doit faire réaliser une vaccination préventive.
Quand faut-il consulter un médecin ?
Lorsqu'une intoxication alimentaire avec une diarrhée importante survient chez un jeune enfant, il faut consulter tout de suite un médecin, en particulier lorsque la diarrhée est sanglante et qu’elle s’accompagne d’un malaise général.
S’il n’est pas possible de se réhydrater avec des boissons (vomissements incoercibles), il peut être nécessaire d’aller à l’hôpital pour des perfusions, mais la plupart du temps, un fractionnement supplémentaire des apports hydriques suffira.
Enfin, la persistance des symptômes au-delà de 2 jours, même s’ils ne sont pas très intenses, doit amener à consulter.
Comment éviter d’avoir une intoxication alimentaire et un SHU ?
Lorsque l’on prépare un repas, il faut se laver les mains, et nettoyer les ustensiles de cuisine et les plans de travail, avant, durant et après la préparation des aliments.
Il faut préparer rapidement les aliments et les servir immédiatement. Au cours de la préparation, il ne faut pas laisser les viandes crues, ni les produits laitiers, à la température de la pièce pendant plus de deux heures.
La chaine du froid doit être respectée. Il ne faut jamais laisser décongeler des aliments à température de la pièce. Les couches extérieures des aliments dégèlent avant l’intérieur.
Ces conditions sont propices à la propagation des bactéries. La décongélation des aliments doit se faire au réfrigérateur : placer les aliments sur la tablette inférieure du réfrigérateur et allouer 10 heures par kilogramme d’aliments, pour la décongélation. Les produits emballés sous vide peuvent toutefois être décongelés sous de l’eau froide.
La viande hachée par le boucher à la demande doit être consommée dans la journée, et les steaks hachés surgelés ne doivent pas avoir subi une rupture de la chaine du froid ou une décongélation. Les viandes doivent être cuites pendant au moins 5 à 6 minutes jusqu’à obtenir une température interne supérieure à 65°C : il faut s’assurer que la viande est cuite au centre et qu’elle n’est plus rosée.
Le lait cru et les fromages à base de lait cru ne doivent pas être consommés par les jeunes enfants et en particulier ceux de moins de 5 ans ; préférer les fromages à pâte pressée cuite (type Emmental, Comté, etc.), les fromages fondus à tartiner et les fromages au lait pasteurisé.
D’une manière générale, il faut bien laver les légumes, de même que les herbes aromatiques et il faut cuisiner les aliments jusqu’à obtenir une température interne également supérieure à 65°C.
Le syndrome hémolytique et urémique en France
Beaucoup moins fréquent que les intoxications alimentaires, le syndrome hémolytique et urémique concernerait une centaine de cas chez l’enfant avec un taux de mortalité inférieur à 5 % dans la littérature et à 1 % en France.
En dehors des toxi-infections alimentaires collectives (TIAC), le SHU n’est pas une maladie à déclaration obligatoire. Toutefois, quand il entre dans les critères de déclaration des TIAC, le foyer doit être signalé sans délai et par tout moyen approprié à l'Agence régionale de santé par le clinicien ou le responsable du laboratoire.
Les liens du syndrome hémolytique et urémique
Le syndrome hémolytique et urémique sur le site de Santé Publique France
Le syndrome hémolytique et urémique sur le site de la HAS
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